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Le puits du Pors

Pour les habitants de la partie du village située au nord du Prat, le long du chemin appelé autrefois « garront ar c’hor » (aujourd’hui l’impasse de l’étang), il y avait au moins un puits dans la cour de la ferme familiale, appelée aussi « le Pors » en raison de sa forme : plusieurs bâtiments érigés autour d’une cour, la maison d’habitation se trouvant ainsi à l’écart de la route.

Le puits est aujourd’hui recouvert d’une structure en bois. Il n’était plus utilisé par les habitants de la ferme en raison de la proximité des crèches et des tas de fumier…

Il y avait peut-être d’autres puits dans les deux autres fermes de Trégoudan Izella mais c’est peu probable.

La fontaine sous le Pors

Les habitants du village descendaient sous le « Pors », au niveau de l’étang de Kervian, où se trouvait un ensemble fontaine-lavoir-abreuvoir, utilisable uniquement à marée basse. A marée haute et surtout par grande marée la fontaine était remplie d’eau de mer.

Cet ensemble est malheureusement difficile d’accès aujourd’hui car la zone est en friche depuis plusieurs décennies et le passage de la tempête CIARAN fin 2023 n’a rien arangé.

Les traces du lavoir et de l’abreuvoir n’ont pas été retrouvées car toute la zone est recouverte soit de troncs d’arbres en décomposition plus ou moins avancée, soit de roseaux. La photographie ci-dessous a été prise en août 2017, donc pendant une période particulièrement sèche. Il y a juste un petit ruisseau, qui vient du marais situé entre Menez Trégoudan et Menez Lodoen. La fontaine est sur la droite au ras de l’étang. Dans le fond il y a les roseaux, qui marquent la limite avec l’étang de Kervian.

Pourtant la photographie aérienne de 1919, mise en ligne par Brest Métropole montre bien l’existence de deux structures distinctes et distantes d’une quinzaine de mètres.

La fontaine est probablement celle, qui est à gauche sur la photographie ; le lavoir est alors plus près de l’étang, sous les roseaux, confirmant ainsi le commentaire, qui figure sur le document de l’AVPR à propos du lavoir de Kervian (#27) ; le rédacteur signale, que ce lavoir a été construit vers 1950 pour remplacer celui, qui se trouvait au bord de l’étang. Il devait faire référence au lavoir du fond de l’étang car il est peu probable, qu’il y ait eu deux lavoirs à quelques dizaines de mètres de distance.

Le lavoir était encore utilisé au début des années 30 par les Laé et les Keraudren, qui habitaient le Pors.

Aujourd’hui pour accéder à la fontaine il faut suivre le tracé du circuit de petite randonnée « PR-Circuit de la Fraternité » tel qu’il figure sur le plan publié par la Mairie de Roscanvel et continuer tout droit dans le bois en direction de l’étang.

On retrouve également l’accès à la fontaine en regardant la photographie de 1919 En bas à droite le chemin, qui vient de Trégoudan en longeant l’étang, au milieu le chemin de petite randonnée, qui permettait d’accéder à la fontaine. En haut il y a la route de la Fraternité et la double rangée d’arbres, qui prolonge la route du lavoir actuelle et rejoint la fontaine. La rangée d’arbre orientée est-ouest doit alors correspondre au ruisseau, qui séparait autrefois les deux communes de Roscanvel et de Crozon. Le chemin de petite randonnée n’existait pas lors de la rédaction du cadastre napoléonien.

La route, qui devait relier Trégoudan (le bas de l’impasse des îles) à Kervian (route du lavoir) en longeant le fond de l’étang n’a jamais été terminée, en raison probablement d’un environnement trop marécageux ; elle figure pourtant sur un ancien plan de la commune et même sur le cadastre actuel alors qu’elle est visiblement absente sur la photo de 1919.

Le cadastre actuel permet également de retrouver l’emplacement du petit chemin venant de Trégoudan et que le PR aurait suivre, du moins selon le plan initial. La fontaine et le lavoir se trouvent au niveau de la petite place visible sur le cadastre.

L’existence d’un chemin entre Trégoudan et Kervian est toutefois ancienne car dans la toponymie de Trégoudan on trouve 5 parcelles sous l’appellation « parc ar pont, résultat de la division d’une parcelle autrefois d’un seul tenant, qui est située juste au dessus de l’étang.  

Ce nom doit faire référence à une sorte de passage à gué très ancien puisque la route n’est pas matérialisée sur le cadastre napoléonien; elle manque également sur la photographie de 1919 (une tache blanche bien visible marque son emplacement) mais il y avait des pierres sur son tracé. La fontaine (1) et le lavoir (2) sont au niveau de la parcelle 227, partie d’un groupe appelée « Pors ar Poul », qui peut accréditer la thèse de l’existence d’un lieu d’hivernage des bateaux au fond de l’étang (voir le dernier numéro d’ Avel Kornog consacré à Roscanvel) sachant, qu’il ne faut pas confondre le « pors » des bâteaux avec celui des fermes disposées autour d’une cour (en effet il y avait également un « pors quélern » sur le plateau, à proximité des lignes et donc loin de l’étang de Penarpoul). Par ailleurs presque toute la zone située entre la ferme et Parc ar Pont était autrefois désignée sous le nom de « Toul ar Pors », même si on trouve aussi parfois l’appellation « Tors ar Poul » pour la partie en pente descendant vers le fond de l’étang. Au dessus de Pors ar Poul on a Parc Mazé.

le niveau de la mer a monté

Un marégraphe a été installé à Brest au début du 18ème. Depuis son installation le niveau de la mer a monté de 30cm dont 15cm environ depuis la prise de la photographie aérienne en 1919, qui montre que la route était déjà submergée;  il aurait même monté de 90cm au cours du millénaire précédent.

Cela devait néanmoins être suffisant pour rendre le passage possible à marée basse vers Kerincuff (éventuellement à l’aide d’un « pont de pierres ») et même en permanence vers Kervian mais on ne retrouve pas côté Kervian ou Kerincuff de mention  d’un passage dans le nom des parcelles voisines à l’exception d’un parc feunteun bras et parc feunteun bihan à Kerincuff, sans que l’on sache s’il s’agit d’une fontaine près du village ou en bas près de l’étang.

Il y avait aussi un abreuvoir.

Si les vaches empruntaient les chemins pour aller à l’abreuvoir, les habitants du Pors empruntaient un chemin plus direct, que l’on voit aussi sur la photographie de 1919. Il faut d’abord grimper sur le plateau le long de « Parc ar Pont », continuer en ligne droite entre les parcelles appelées « toul ar pors » et celles appelées « costé parc mazé » pour biaiser enfin et rejoindre la porte arrière de la ferme.

Il faut noter le morcellement des terres en 1919. Le remembrement de Roscanvel a été très efficace dans ce cas. Par contre il n’y pas toujours été synonyme d’arrachage des talus. Au niveau du Pors il n’y en avait pas ou très peu. 

La fontaine en 2021

Faute d’idée plus géniale nous sommes partis à la recherche de la fontaine à la fin des vacances 2021. Le point de départ a été le PR. Nous avons traversé ensuite la parcelle E48, qui est occupée surtout par des châtaigniers. Elle  appartient désormais à Patrick. 

Du coup nous avons bénéficié d’un sous-bois relativement aéré. Titouan coupait les ronces et Dorian mettait des marques sur les arbustes. Il a fallu ensuite redescendre au niveau de l’étang, ce qui a été plus délicat en raison d’une forte pente. La fontaine se trouve à peu près au bout de la parcelle, là où commencent les roseaux du fond de l’étang. Le retour s’est fait plus simplement en remontant vers la route de la Fraternité.

Cette même année l’AVPR a décidé de s’intéresser au chemin de Messiber.

Mi-novembre nous sommes retournés à la fontaine en partant de la route de la Fraternité. Le sous-bois était relativement sec malgré le présence d’un ruisseau venant du marécage situé plus loin le long de la route de la Fraternité et de buses récupérant l’eau descendant de Kervian. Ce n’était pas le cas en 2017.

La fontaine était toujours à son emplacement, à proximité des roseaux. L’amorce d’un chemin, qui pouvait être celui de Messiber était visible mais semblait disparaître dans l’étang. Il fallait essayer de retrouver le chemin en partant de Trégoudan.

La remembrement de Roscanvel prévoyait, que toute parcelle devait être accessible aux engins agricoles et un réseau relativement dense de voies a été tracé ; la plupart de ces voies ont une largeur de 6m avec un fossé de chaque côté. Chaque fois, que possible les chemins existants ont bénéficié de ce profil. C’est le cas notamment du chemin de Messiber. Comme il n’a pas été terminé, c’est devenu en 2021 une véritable jungle mais les défricheurs de l’AVPR ont bien retrouvé le fossé ouest. Il n’y a peut-être même, qu’un seul fossé, qu’il convient de suivre.

Malheureusement il bascule vers la droite au bout d’une cinquantaine de mètres. Le terrain devient alors plus marécageux. Cela doit correspondre à la parcelle triangulaire du cadastre, juste avant le virage. Elle est visible aussi sur la photo de 1919.

Il n’y a aucune chance de retrouver le chemin en pointillé, compte tenu de l’élévation du niveau de la mer.

Finalement le projet a été bloqué par la Municipalité afin de protéger la bio-diversité du fond de l’étang de Kervian (même si des chiens des riverains côté nord vont explorer les nids cachés dans les roseaux).

Un dernier essai début mai 2022 a montré que l’opération est de toutes manières totalement irréalisable pour des raisons purement techniques :  le sol  après la fontaine devient très vite boueux et les parcelles appelées « Parc ar Pont » accusent une pente trop forte pour pouvoir progresser. Les points 1 et 2 du schéma restent désormais inaccessibles.

Avant de repartir on mesure la profondeur de la fontaine : 80cm environ car il y a de la boue dans le fond. Le retour par l’amorce du chemin vers l’ouest était déjà bloqué par la chute d’un arbre. La tempête  CIARAN fin 2023 a complètement perturbé la zone, dont l’accès est désoramais interdit.

En 2022 Il ne restait plus qu’à monter sur le plateau en direction de la ferme. A mi- pente on rencontre un petit chemin relativement encombré mais avec un talus pour le soutenir. Il faudrait essayer de retrouver ses extrémités car il semble être situé entièrement sur la parcelle E48.

On arrive enfin sur le plateau; la transition se fait progressivement. En fait le champ de fougères devait autrefois s’arrêter au niveau de plateau et descendre jusqu’au petit chemin, comme on le voit sur la photographie de 1919.

En conclusion il faut abandonner l’idée de retrouver le carrefour marqué par le chiffre 1 sur le schéma ci-dessous car le chemin, s’il a existé un jour est submergé.  Le point 2 n’est pas non plus accessible et cela depuis plus de 2 siècles. Aller du point 3 vers le nord en direction de la rue du lavoir n’est pas la solution car ce chemin est impraticable la plupart du temps.

De toutes façons les conséquences de la tempête CIARAN interdissent tout accès à la zone comprise entre la route de la Fraternité et la parcelle E48, qui domine la fontaine.

Qui possédait autrefois Parc ar Pont ?

Les 5 parcelles de Parc ar Pont appartiennent vers 1830 à

_ Jean Jaffrée

_ L’indivision Laé-Keraudren

_ Jean Derrien

_Marie Jeanne Carn

_Yves Le Lann de Kerguinou, gendre de Joseph Penfrat et ancêtre de Pierre Le Lann

Le lien entre les 5 propriétaires n’est pas évident, sauf si on est dans une succession CARN ou Thépault (= Thépot).

De manoir parle-t-on ?

Au dessus de Trégoudan des parcelles portent le nom de « Parc Gros ar Maner ». Que recouvre finalement cette appellation, qui serait plutôt une déformation de « Parc Kreis ar Maner » ? Y avait-il autrefois un manoir à proximité ? Dans l’un des documents sur Léac’h Izella il est question du pourpri de Trégoudan (ce qui est différent de poulloupri et fait plutôt référence à une cour).

Cette appellation concernait-elle seulement le pré commun aux habitants du village ou englobait-elle l’ensemble des éléments constitutifs d’un domaine plus important et autrefois bien délimité?

En effet, dans la plupart des documents conservés, les parcelles de Trégoudan Izella sont rattachées à plusieurs domaines : Coatglas, Garrec Ven ou Leac’h Izella, qui sont tous liés entre eux et même imbriqués (voir le chapitre 31), comme s’il s’agissait du démembrement d’un domaine plus important, qui englobait autrefois toute la partie nord du village, allant de la falaise, à l’ouest, à la rade de Brest, à l’est. Dans ce cas Parc Cardinal en fait également partie, tout comme vraisemblablement léac’h Cazi et léac’h Pascouet.

La vérité est peut-être plus simple: Parc Groas (ou Kreis) ar Menez par exemple. On est en effet au milieu d’ une zone appelée également Ménez Trégoudan dans sa partie ouest.  

Pour terminer

Il manque aussi dans le document de l’AVPR une mention sur les deux points d’eau situés de part et d’autre de notre maison du 1066 route de Quélern.

Il y avait à gauche un abreuvoir-fontaine avec un bac en ciment pour servir d‘abreuvoir et un bouton poussoir pour remplir des récipients. Cet ensemble a été peu à peu raboté par les engins utilisés pour l’entretien des bas-côtés de la RD355.

A droite il y a toujours la pompe, qui était utilisée par les habitants du quartier et les « pique-niques », qui rechargeaient leurs bouteilles en allant vers Trez Rouz ou en revenant.

La pompe a été désaffectée, quand le très grand nombre de constructions route de Kerincuff, au dessus, a rendu l’eau impropre à sa consommation.

Conclusion

Avant de publier des cartes il vaut mieux s’assurer de la réalité des choses. La prolongation du chemin de Messiber jusqu’à Kervian, représentée sur de nombreux documents officiels n’a jamais existé, du moins dans un passé proche (les trois derniers siècles); il y a peut-être eu un passage permanent vers la fin du moyen-Age ou au début du 16ème avec un passage à gué en direction de Kerincuff.

Il en est de même l’interdiction de passer par un chemin inexistant