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Au bout de la presqu’île de Quélern (ou de Roscanvel selon les goûts et surtout les périodes) il y a cette fameuse pointe des Espagnols.

Autrefois elle portait le nom de Pointe Espagnole, en mémoire de la bataille de 1594, au cours de laquelle les Franco-Anglais battirent les espagnols, qui s’y étaient retranchés.

Le fort a été immédiatement rasé  et les constructions suivantes ont été partiellement détruites pour éviter les accidents. La pointe culmine à 76m au niveau de la tour-modèle, même si la plate-forme est un peu plus basse.

La bataille a été décrite avec beaucoup plus de détails dans la revue Avel Kornog. Je l’avais sous les yeux, chaque fois, que j’allais à la cale de Quélern, mais je viens seulement de l’ouvrir. Du coup je ne modifie pas le texte de la page. Les personnes intéressées pourront toujours essayer de retrouver la revue.

Les deux sketches (esquisses?)

Dans le fort, qui fut construit au 19ème siècle un peu en retrait de la pointe,  il y a de nombreux documents, dont une carte dessinée par l’un des combattants anglais: Sir John Norris. L’original est à Londres à la British Library.

Curieusement on trouve un autre carte au Canada. Elle serait aussi de Norris (ou plutôt Norreys). Il faut la pivoter pour retrouver la même orientation, sachant que les légendes sont alignées sur les parties du dessin, qu’elles décrivent.

On retrouve bien les deux demi-bastions encadrant une courtine. Les canons espagnols sont dirigés vers la mer. Il y a le dessin des tranchées anglaises et françaises, ainsi que la position de leurs propres canons.

D’après le sketch (c’est ainsi que les anglais nomment ce dessin, qui aurait été fait pendant l’assaut) les troupes anglaises étaient à gauche, les françaises à droite.

Apparemment, d’après les textes rassemblés par les canadiens, Samuel de Champlain faisait partie des attaquants. Certains disent même, qu’il était l’espion d’Henri IV.

Plusieurs auteurs ont décrit l’assaut du fort. On trouve même un résumé en Espagnol.

Pese a ello,un pequeño cuerpo organizado en Blavet desembarcó en Cama-
ret y se fortificó en la península de Crozon, levantando el fuerte llamado «La Pointe
des Espagnols», dominando la entrada al puerto de Brest. Felipe II no pudo auxi –
liales y un ejército anglo-francés, apoyado por una flota anglo-franco-holandesa,
les sitiaron por mar y tierra (2.XI.1594). Los españoles se defendieron hasta que el
fuerte fue tomado por asalto el 15 de noviembre, resultando masacrada su guarni –
ción salvo 13 supervivientes; mientras, el socorro terrestre que conducía personal-
mente Juan del Águila, quedaba bloqueado en Plomodiern. 

Que dit la toponymie de 1830 ?

Qu’en reste-t-il dans la toponymie locale en 1830?

Pas grand-chose en fait.

Actuellement toute la zone, ou presque, est englobée dans une seule parcelle appelée « fort de la pointe ».

Le fort espagnol ayant été rasé immédiatement après la victoire, il faudra attendre quelques années pour voir surgir de nouvelles constructions . 

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Pour les gens de 1830 le fort de la pointe c’est « le fort ». Le fortin en arrière ou tour modèle est appelé « citadelle », ainsi, que les terrains les plus proches. Entre les deux il y a le rappel de la barrière, qui permet d’accéder au fort.

Le vieille batterie de Beaufort (construite vers 1660) a donné son nom aux terres voisines.

Le Pourjouin correspond aux parcelles, qui surplombent la batterie du même nom, située au ras de l’eau et qui est pointée vers Brest pour prendre à revers les bateaux, qui auraient pu forcer le goulet..

Le chemin GR34 longe Toul Bras avec un risque de chute car il est très étroit et sans protection. Cette section était neutralisée en septembre 2018 mais en septembre 2022 on l’empruntait à nouveau, la végétation ayant poussé.

Parc ar Belvern doit être une mauvaise transcription car sur l’état des sections il y a en dessous. « Parc ar Belouarn » ; on est encore en pays de renards. Parcou Meneuguen doit être également une transcription hasardeuse, tout comme Golen vras ou Val an Ouarn.

Par contre Garrec an dour et Garrec ar Bleis font bien référence à la falaise voisine.

Visiblement le découpage des parcelles est ancien car les voies d’accès coupent un grand nombre ce parcelles.

Les parcelles appelées « la citadelle » se trouvent de part et d’autre de la tour.

Comme Lam Saoz ou La Mort Anglaise à Camaret, la pointe a pris le nom des assaillants. De pointe Espagnole elle est devenue par la suite Pointe des Espagnols, comme la Pointe du Capucin est devenue Pointe des Capucins.

Par contre il n’y a pas d’indication d’un nom plus ancien. La seule concession est le nom du village le plus proche : Penaroz. La pointe n’avait peut-être pas de nom spécifique. On trouve aussi de la même façon  Penn ar Roz pour le Cap de la Chèvre à Crozon.  Cela fait penser aux parcelles « Menez à cap », qui sont situées à la pointe de Trémet. et au « fort du grand cap », cité dans l’un des documents d’archive..

D’ailleurs dans les écrits contemporains on parle souvent de fort de Camaret ou de fort de Crozon, sans doute pour faciliter le repérage du fort. Pour les espagnols c’était le fort du Léon.

La tour modèle

Elle se trouve à l’intérieur de la boucle formée par la route RD355.

Elle est entourée par un large fossé. Le crénelage a été raboté par les allemands semble-t-il.

L’accès se fait par un couloir incurvé afin d’empêcher les tirs au canon sur la porte.

Par contre il y a une embrasure, qui pend le chemin d’accès en enfilade.

Elle abrite un petit musée.

La batterie basse

Elle était autrefois accessible uniquement par un chemin, qui commençait vers la droite de la plateforme et descendait en lacets. Puis ce chemin a été interdit. Il faudra aller voir si ce chemin est à nouveau accessible ou si peut accéder à la batterie par le chemin de gauche, qui est emprunté par le GR34.

La Région Bretagne a mis en ligne un grand nombre d’informations concernant le patrimoine. on y trouve beaucoup de photos et de cartes. Il y a entre autres le projet Traverse de 1700 pour la Pointe des Espagnols. Tout n’a pas été réalisé, faute d’argent. Le projet a été ensuite profondément modifié

Finalement c’est la photographie aérienne prise en 1947, qui donne une idée de l’existant avant sa couverture par la végétation. Il est possible de distinguer les nombreux trous formés par les  bombes qui se sont abatues sur la pointe et ses environs. A gauche il y a l’appontement, qui servait à débaerquer les approvisionnemts. Son platelage a disparu sous les bombes.

La face cachée de la Pointe des Espagnols

Je pensais avoir tout vu lors des nombreuses explorations de la presqu’île au début des années 60, soit seul, soit avec Jean Lautrou. En fait il y a encore des choses à découvrir, notamment au niveau de la Pointe des Espagnols. 

C’est ce qui s’est passé lors des journée du patrimoine 2018. Il s’agissait de faire le tour des constructions faites par les allemands pour protéger le fort de la Pointe des Espagnols. 

Même, si on est à l’écart du GR34, la promenade est incluse dans le sous-chapitre « GR34 » car elle est en quelque sorte une « option », sachant, qu’elle se refermera rapidement, à nouveau enfouie dans la végétation. C’était d’ailleurs le cas en 2020.

Le point de départ (et aussi le point d’arrivée) fut le grand parking en amont de la pointe.

Ce devait également un but de promenade pour l’été 2019 mais le temps a manqué, en 2020 également; à faire en 2023, si la végétation n’a pas déjà repris le dessus;

 Vu d’avion on voyait en 1971 les nombreux trous de bombe et les chemins, qui traversent cette zone. Il y a cependant une construction importante derrière la tour-modèle. Sur les photos les plus récentes il reste un grand nombre de points noirs, probablement les ouvertures des casemates encore accessibles.

Le parking est en haut à droite, le long de la route touristique RD355.

en bas à gauche il y a le village de Penaros et la vallée du Stiff.

L’ancien tracé du GR34 se devine au niveau de la boucle ; la partie effondrée du GR34 se situe au niveau du parking.

Les saignées visibles sur la photo aérienne sont, pour partie, l’œuvre de la société de chasse. Le tour de Roscanvel à vélo passe par le chemin rectiligne, qui est entretenu par la municipalité.

La première étape est au dessus du fort du Stiff avec une casemate classique, qui domine le goulet.

On rejoint ensuite Penaros et son puits.

Les casemates se succèdent, toutes semblables et pourtant presque toutes différentes.

Dans les plus importantes il y a un escalier, qui conduit à une plate-forme défendue par deux meurtrières. L’entrée de la casemate est bien entendu décalée.

L’intérieur est vide.

Pour relier les différentes casemates il y a des cheminements.plus ou moins larges, qui ont été dégagés pour l’occasion et qui se refermeront dans quelques années.

Il y a surtout des tranchées.

il faut faire très attention car les ouvertures des casemates sont souvent au raz du sol.

Dans d’autres cas c’est une barre de béton, qui surgit.

Le plus surprenant reste la poudrière.

Comment une telle structure a-t-elle peut passer inaperçue?

Elle figure pourtant sur un schéma publié dans un article sur la pointe des espagnols.

Enfin on retrouve le circuit pour vélo, qui passe sur la droite pour rejoindre la pointe. Nous continuons vers le parking

La renaissance du Fort

Un important programme de réhabilitation du fort est en cours (1,7 M€ quand même). Cela a commencé en 2022 par l’installation d’un canon curieusement dirigé vers la rade et Plougastel.

Il est prévu ensuite de revenir au  cuvelage de la batterie anti-aérienne, de nettoyer les remparts et, d’une manière générale, de revoir tout le cheminement pour fludifier la circulation des visiteurs. L’avancement des travaux est accessible sur le net. Une partie sera accessible pour l’été 2023.

Pour mémoire le cuvelage avait été comblé pour des raions de sécurité. 

Pendant les travaux la descente côté goulet avec le chemin dédié au GR34 est neutralisée. Il faudra attendre l’été 2024.

Un point n’est pas abordé mais il faut probablement attendre également la fin des travaux :  l’accès à la batterie basse côté rade.