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Le titre de la page fait référence à un recueil de nouvelles d’Henri Quéfellec, dont la première reprend justement l’histoire d’Auguste Laé. Emilienne Le Lann se souvenait d’ailleurs très bien du passage d’Henri Quéfellec, venu chercher des informations à Roscanvel.
Auguste Laé et Véronique Quelen ont eu un second fils, prénommé également Auguste, qui est né le 5 septembre 1873.
il est devenu constructeur de navires.
Le chantier
Le chantier de construction se trouvait dans un champ, appelé « Parc ar Stang », à proximité de la mer, comme on le voit sur la photo ci-dessous. C’était une construction en bois, enduite de goudron et couverte de tuiles.

Sur la photo on voit également un bateau. En fait il s’agit du « Joseph », dont il sera question plus loin et qui, en fin de vie, est revenu à son point de départ (cependant on trouve aussi des textes, où l’on parle du Rouanez ar Mor, qui est en fait le nom du bateau dans la nouvelle d’Henri Queffelec).
On peut mieux voir la photo sur le site :
http://patrimoine.region-bretagne.fr/sdx/sribzh/main.xsp?execute=show_document&id=MERIMEEIA29004771&full_screen_id=ILLUSTRA2827#image
Le mode de construction ne devait pas être différent de celui de M. Keraudren, un cousin, installé un peu plus loin, sur la route de Crozon, à Garrec Zu après l’étang.

En 1906 Auguste Laé a demandé l’autorisation d’occuper une partie du domaine maritime pour lancer ses bateaux. Il s’agissait d’une surface de 200 m², en bas du chemin qui allait du chantier à la mer et qui a été considérablement rétréci, lors de l’élargissement de la RD355.
Sur le schéma on constate que la route de Trégoudan n’existait pas encore, la route de la Fraternité non plus ni la route, qui allait au bourg; par contre celle qui passait sur le sillon venait d’être construite ou était en cours de construction.

On distingue bien le chemin de Messiber et Garront ar C’hor, ainsi que le chemin, qui ne dépassait pas l’étang en 1906. Au-delà de l’étang on voit le chemin de Beg ar Grogn et en haut le chemin, qui allait à Roscanvel, venant de Kervian, passant par Bel Air et se dirigeant vers Lanvernazal. La route actuelle ayant été construite un peu plus tard.
Sur la schéma il manque cependant la cale du Sourdis, même s’il y a une bretelle au niveau du chemin de Messiber.
Pour mémoire la route de la Fraternité a été construite dans la même période, puisque les expropriations ont été signifiées début 1902.
En 1906 le barreau entre le chemin de Messiber et la route appelée autrefois Hent Meur puis devenue la route des remparts n’existait pas encore. Il manque dans les documents l’expropriation qui a permis de construire ce barreau.
Les bateaux.
Sur le site crozon-bretagne.com on trouve la reproduction de quelques articles du journal « La Dépèche », qui donne des indications sur le lancement de 3 des bateaux construits par Auguste Laé :
(http://www.crozon-bretagne.com/histoire/ok/article.php?ID_hist=1848
et http://www.crozon-bretagne.com/histoire/ok/article.php?ID_hist=1882)
mai 1903 le « Joseph », qui finira sa vie devant le chantier
juin 1903 le « Forban », tous deux destinés à la pèche au homard sur les côtes anglaises
avril 1906 le « Casoar », qui fera la traversée de la rade et dont la photo est donnée ci-dessous
Il faut rapprocher cette dernière date de celle portée sur la demande d’occupation du domaine maritime : 24 avril 1906, donc une semaine après.
Pour en savoir plus il faudrait éplucher les archives de l’Inscription Maritime à Brest.

Le « Forban » a changé de propriétaire, son patron est désormais Louis Kerspern.
Le « Joseph » a pour patron M. Le Théo, mais curieusement en 1908 le propriétaire du « Joseph » sera Jean Laé.
M. Le Théo est en fait originaire de Kerloc’h ou plutôt Keranguyader, le village voisin, où ont également habité certains membres de la famille Laé. Les deux familles étaient très proches et l’oncle Joseph a armé un bateau avec son ami Théo entre les deux guerres.

La carte postale ci-dessus a été éditée à la fin des années 30. Elle représente le « Joseph », devant le chantier d’Auguste Laé », à une époque où il ne servait plus que de « cabine de bain » pour les jeunes filles du village. Thérèse Laé écrit au verso qu’il s’agit du bateau du grand-père.
Les ouvriers d’Auguste Laé d’après le dénombrement des populations réalisé en 1911
Le dénombrement des populations de 1911, le dernier, qui était mis en ligne, lors de la première rédaction de la page, est aussi celui, qui comporte des mentions supplémentaires intéressantes.
On trouve par exemple la mention « patron » pour distinguer les chefs d’entreprises des autres habitants, notamment des cultivateurs, chefs d’exploitation agricole.
Auguste Laé y figure donc comme patron.
L’agent recenseur a aussi fait la différence entre les simples charpentiers et ceux, qui travaillaient à la construction de navires ; il a repéré également, parmi les charpentiers de navires, ceux, qui travaillaient chez Auguste Laé, ou chez Keraudren, à Camaret.
Sous réserve qu’il en ait omis quelques uns, ce qui est très possible, on apprend ainsi, qu’Auguste Laé faisait travailler Noël Stéphan et Alain Jaffré de Lanvernazal , ainsi que Jean Guillamot, scieur de long, qui habitait le Pors comme domestique en 1906, auxquels il faut très probablement ajouter Paul Jezequel de Trégoudan, Jean Gelin, également de Trégoudan et Jean Marie Gentric de Lodoën. Il y aurait aussi un Pennec du Lez. Cela fait 7 ouvriers en tout plus Auguste Laé.
Jean Guillamot a donc commencé comme apprenti. Il a été logé chez son patron, à la ferme, au tout début. Ensuite il a habité la maison de Georgette.
Après la déroute d’Auguste Laé, la plupart des ouvriers sont allés rejoindre l’annexe du chantier Keraudren, qui s’était installée à Garrec Zu après l’étang de Penarpoul.
Une triste fin
Comme plus tard dans le cas de son neveu, Joseph, la famille a refusé le mariage, qu’il avait prévu.
Ses affaires ont mal tourné (les clients ne payaient pas) et il a été contraint d’emprunter de l’argent à son frère. L’obligation du 31 mai 1910 a été complétée par une reconnaissance de dette, signée le 8 juillet suivant.
Lors de la licitation du 22 et du 27 mars 1911, il a cédé sa part dans le magasin du quai, à Camaret et dans la partie de la ferme de Kerloc’h, qu’il avait eue après le décès de leur mère, Véronique Quelen, survenu le 22 février 1911.
Puis, lors de la licitation du 19 et du 30 janvier 1929, il a cédé le reste de ses biens, c’est-à-dire en fait les deux fermes de Trégoudan, ce qui amène à se poser des questions sur le partage des biens de Jacques Laé, mais aussi ceux de Véronique Quelen.
Finalement il a cédé tous ses biens à son frère en échange d’un hébergement à vie, dans la ferme de Trégoudan, qu’il habitait jusque là et qui sera désormais occupée par son frère
Auguste Laé est décédé le 26 février 1938.
Ce qu’il en reste
De son activité de constructeur de navires il reste encore quelques outils et surtout plusieurs demi coques, même si la plupart ont disparu lors de la reconstruction du chantier,

Il y a aussi deux livres (traduction française) sur la construction des Yachts anglais au début du 20ème siècle, quelques factures ..
L’ancien chantier a été remplacé dans les années 70 par un hangar en maçonnerie.
Le chantier était exclu du remembrement de Roscanvel mais la municipalié souhaitait le raser pour prolonger l’impasse des îles jusqu’à la départementale, tout ceci sans compensation. Thérèse Laé a pris la décission de le reconstruire.
C’est cette nouvelle construction que l’on voit apparaître sur internet avec le nom de « chantier d’Auguste Laé » ! Curieusement mes demandes de rectification des légendes sont ignorées par leurs auteur, puis l’image a été affublée d’un commentaire du genre ‘certains disent que’….
