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La promenade au-delà des portes en septembre 2014 (10 ans déjà!) a commencé par Garrec Zu, côté rade de Brest, puis Penarcréac’h; elle s’est terminée par Trez Rouz, d’abord la crique coincée entre deux pointes, puis la partie nord de la plage.
Je ne me souviens pas avoir jamais mis les pieds dans cette première crique, d’où, dans les années 50, un entrepreneur prélevait du sable pour faire des parpaings sur la hauteur au bord de la route. Comme le sable n’était pas lavé, ces parpaings avaient une durée de vie très limitée. Le sable utilisé lors de la construction de Ker Diskuiza en 1931 devait provenir de cette crique.
C’est peut-être aussi cette crique, qui portait autrefois le nom de Pouldu. Marcel Burel y pêchait la crevette avec son grand-père Borvon.
En attendant les parois sont plutôt de couleur rouge et les tempêtes de 2014 les ont sérieusement attaquées. Aujourd’hui c’est encore pire.
Puis un passage étroit communique avec la plage de Trez Rouz proprement dite.
La photographie a été prise en regardant en arrière les traces laissées par l’érosion au niveau des lignes de Quélern.
On arrive côté nord. C’est une zone, que je ne fréquentais plus depuis très longtemps, même quand il y avait du sable.
En suivant le bord de la falaise, il y a des débris de maçonnerie.
Même si la photo ci-dessous ne permet pas de le voir, il semble bien, que ces débris viennent d’une construction, qui a été grignotée par l’érosion.
On trouve aussi des morceaux de roches granitiques, restes certainement d’un chaînage. Ce qui surprend c’est également la présence de larges plaques noires, attribuées par certains à des formations de tourbe.
Cela avait déjà été observé par les spécialistes, qui s’occupent de réaliser l’inventaire du patrimoine, mais je n’avais pas encore vu leur rapport. Ils avaient aussi repéré la trace d’anciennes tranchées.
La plateforme
Sur le plan cadastral de Camaret, version 1908, qui mentionne les territoires annexés cette année-là au détriment de la commune de Crozon, figure une indication importante: la présence à cet endroit là d’une plateforme.
C’est la première fois, que ce nom apparaît aussi clairement.
Sur le même document est indiquée également la position de la mort anglaise. Il y a aussi Goarem Creis, qui faisait alors le tour de Penarcréac’h.
La plateforme n’est pas reportée sur le plan d’assemblage de Crozon de 1872, par contre sur le plan cadastral, feuille n°4 de la section de Quélern, on lit bien en bordure de la parcelle 882 la mention plateforme, le reste de la feuille étant déchiré.
Dans le fortin de la pointe des Espagnols on peut voir un dessin de Vauban, qui décrit ce qui était prévu pour protéger la côte entre Trémet et Camaret.
Sur le dessin on identifie très bien les retranchements qui doivent être édifiés tout le long des côtes, du moins aux endroits accessibles, et les batteries, en commençant par la tour de Camaret. Il manque malheureusement la légende et les couleurs, qui permettaient de distinguer ce qui était déjà construit, de ce qui était seulement planifié. Au milieu on voit la batterie de la pointe Sainte Barbe et tout à gauche une autre batterie, à l’emplacement de la plateforme, sans numéro.
Il en est de même sur le plan dressé en 1754 à la demande du marquis de Paulmy. Il y a bien une seconde batterie sur la première pointe, plus petite que la batterie de l’anse de Trémet.
C’est donc la plateforme, sur laquelle était construite cette petite batterie, qui s’effondre peu à peu.
Le plan de 1782 le confirme et il n’est pas question de l’autre batterie. Il n’y en avait peut-être qu’une seule finalement.
Cependant la légende dit que sous la lettre M figure l’ancien corps de garde de la batterie du Pouldu.
Alors Tremet ou Pouldu? Le chemin, qui traverse l’isthme porte le nom de chemin du Pouldu à la poterne. C’était donc Pouldu.
En 1709, donc 15 ans seulement après la bataille de Camaret, André Cozic est gardien de l’Anse de Tremet.
Est-il posté dans ce fameux corps de garde, dont il ne restera bientôt plus rien?
Au milieu de la plage se trouve le rocher derrière lequel les anglais ont voulu s’abriter, pour se retrouver finalement dans l’axe de la batterie de la pointe Sainte Barbe. Les grottes, qui sont signalées dans les comptes rendus ont pratiquement disparu en raison de l’érosion
La photo aérienne ci-dessous montre bien, que les jours de la plateforme sont comptés.
Curieusement on se met maintenant à parler de cette plateforme, qui a joué un rôle déterminant dans la conclusion de la bataille en pilonnant les troupes anglaises.