Version 5.4_Page 36-23_ décembre 2023

 Comme il a déjà été dit précédemment, les héritiers de Joseph Keraudren et de Marie Jeanne Kerguelen ont bénéficié d’un traitement particulier, dans la mesure, où il n’est pas question des héritiers, mais d’une sorte de copropriété avant l’heure, qui se manifeste sous l’appellation « laé-keraudren », là où on pouvait s’attendre à trouver « les héritiers keraudren » ou même les enfants de… comme dans le mesurage de Garrec Ven (page 31-03) ou même les consorts…

 Une indivision importante

 La masse des biens à partager en 1839 entre les héritiers Laé-Keraudren est conséquente : un ensemble de maisons avec 8,4 hectares de terres à Trégoudan et Quélern ; autant sur les villages de Kerellot et de Lambézen. S’il y avait moins de superficie sur Saint Fiacre et sur Le Fret, la maison du Fret valait probablement plus cher. Il s’agit ici des biens provenant de successions dans la famille Ollivier

 Il ne faut pas oublier la maison de la rue Poulpatré à Crozon, dont un sixième a été payé 600 F par M. Flers en 1849 avec en plus 7F donnés à Jean Marie Vergos, qui en avait l’usufruit.

Faute d’avoir les copies des déclarations de succession, il faut se limiter à des suppositions. La maison de Jean Derrien avec 4,5 Ha de terre a été estimée 3000 francs en 1836. L’ensemble des maisons et des terres à partager doit valoir près de 20000 francs, peut-être même plus, ce qui en fait une indivision importante.

 D’où viennent ces biens ?

 Lors du tirage au sort réalisé en 1840, Alain et Anne-Marie Laé ont obtenu des biens situés essentiellement à Kerellot et Lambézen. Ces biens sont probablement ceux appartenant en propre à Marie Jeanne Kerguelen, car la maison porte le nom de « maison de Michel Kerguelen », son père.

 Il y a cependant un point troublant. Dans l’inventaire de biens à partager il y a une part des biens de Marie Françoise Kerguelen, épouse de Jean Marie Vergos pour un montant très faible. Sur le net il y a deux Marie Françoise Kerguelen, l’autre ayant épousé M. Le Moign du Fret. Il doit s’agir d’une erreur. Les autres enfants n’ayant pas eu d’héritiers, du moins apparemment, la part revenant à Marie Françoise Kerguelen devait être au moins égale à celle de Marie Jeanne. Il y a notamment la maison de la rue Poulpatré. Y-a-t-il eu des rachats entre-temps ? Comment a été achetée la maison de la rue Poulpatré ?

Joseph Keraudren, de son côté, avait également des biens non négligeables, notamment ceux situés à Saint Fiacre (successions Lucas), Lambézen et Penarcréac’h.

Il y a encore le problème de la rente Jaffrée; on y revient plus bas. 

 L’origine de la ferme de Trégoudan reste obscure. Selon l’hypothèse formulée dans la page « les premiers Laé », basée sur la généalogie de la branche Kerguelen, ce serait un bien de la famille Carn. Ce n’est pas si simple.

 

En effet, il faut se rappeler qu’elle s’appelait autrefois « ty postic », probablement du nom d’un de ses précédents propriétaires. Or il y avait des  familles « Postic » dans les villages voisins et notamment Françoise Postic arrière grand-mère de Joseph Keraudren. Son lieu de naissance ne figure malheureusement pas dans l’acte dressé après son décès, mais comme son mari est de Roscanvel, il est possible, qu’elle vienne également de cette paroisse. Cela veut-il dire, que le Pors était un bien Postic, donc un bien propre à Joseph Keraudren ? Et les Carn dans tout cela ?

 Chacun des héritiers Laé n’en aura qu’un sixième des biens à partager, Jacques Keraudren en ayant la moitié.

 Les biens ont donc été partagés en deux temps : tout d’abord en 1839  entre Jacques Keraudren et les 3 enfants de sa sœur en indivis, puis l’année suivante entre les 3 enfants, qui ont tiré au sort les 3 lots.

Le partage du 7 novembre 1839

 Joseph Keraudren est décédé le 9 octobre 1787, donc 50 ans avant le partage.

 Sa veuve, Marie Jeanne Kerguelen,  est décédée le 1er mars 1827

 Sa fille Marie Anne Kéraudren, épouse de Jean François Laé, décède le 17 mai 1838, probablement du choléra, et ses droits ont été transférés à ses 3 enfants.

Le partage est intervenu à la fin de l’année, qui a suivi le décès de Marie Anne Keraudren.

 Nous avons un brouillon du partage, qui énumère les biens attribués à chacune des parties. Il s’agit essentiellement des biens hérités des parents, Joseph Keraudren et Marie Jeanne  Kerguelen, auxquels s’ajoutent ceux de leur tante Marie Françoise Kerguelen, qui a fait don de ses biens aux enfants de sa sœur. .

Jacques Keraudren, leur oncle, a la moitié « ouest » du Pors et 33 parcelles situées à Trégoudan et Quélern. Il récupère « Jardin Bras », qui sera source de litiges. De même il a la moitié de l’édifice, qui se trouve entre les deux habitations principales, ce qui posera également des problèmes par la suite. Dans le litige entre Jacques Keraudren et Jacques Laé elle est désignée sous le nom de « Ty Creis ».

Sur le cadastre napoléonien il n’y a qu’une maison principale ; l’autre a été probablement construite entre-temps et comme les deux maisons ont été refaites à la fin du 19ème siècle, il est difficile de s’y retrouver, d’autant moins qu’il y a eu d’autres modifications.

 La seule chose qui ait gardé ses dimensions d’origine : la vieille cuisine, édifice isolé près de la route, dont il reste aujourd’hui 3 pans de mur. Ce serait peut-être l’ancienne crèche Craou Vras, qui a été transformée en cuisine ou une cuisine devenue crèche et redevenue cuisine, comme pour Tybian.

La maison du Fret

 Jacques Keraudren récupère aussi une maison au Fret, dite la maison de la femme de Jean Philippe Ollivier (l’arrière grand père de Marie Anne Kerguelen) avec 6 parcelles situées entre Le Fret et Saint Driec. Ces biens sont affermés à Jean Marie Bathany.

 

 Cette maison est-elle à rapprocher de l’assignation du 21 mai 1844 faite par Laurent Disarbois au sujet de l’usufruit de Pierre Ollivier ? Pierre Ollivier, né le 26 janvier 1807, a épousé Catherine Menesguen ; sa mère était Anne Diserbois ! Pourtant on ne le retrouve pas dans les BMS à la date donnée!

Est-ce la même famille que celle de Jeanne Olivier, partie prenante dans le rachat de 1753? Dans la grille on a bien Marie Ollivier, mais c’est la grand-mère de Marie Anne Keraudren.

Est-ce aussi la même famille que l’on va retrouver lors de l’affaire de Prat Keranguyader ?

Le  partage de 1840

 Les 3 enfants survivants du couple « François Laé – Marie Anne Keraudren » ont ensemble l’autre moitié du Pors, deux maisons à Kerellot et des terres, réparties sur un large secteur qui va de Trégoudan à Lambézen ; en fait elles sont réparties sur l’ensemble appelé parfois « section de Trémet ».

 Lors du tirage au sort réalisé en 1840, Alain et Anne-Marie Laé ont obtenu des biens, qui sont situés essentiellement à Kerellot et Lambézen. Les biens de Kerellot sont probablement ceux appartenant en propre à Marie Jeanne Kerguelen car la maison porte le nom de « maison de Michel Kerguelen ».

 Jacques Laé obtient la moitié « est » du Pors, appelée Ty Postic. Chacun a une trentaine de parcelles de terres.

 Il esrt difficile d’arriver à faire la part des parcelles attribuées à Anne Meriee t Alain Laé car des noms ont changé et dans l’état des sections plusieurs parcelles au nom d’Allain Laé viennent en fait de son épouse, fille de Jean Thomas Keraudren et de Jeanne Penfrat.

La rente Jaffré

 Cependant à Kerellot le nom de Jacques Jaffré est parfois associé aux deux noms «  Laé-Keraudren ». Contrairement à ce que l’on peut lire par ailleurs sur les listes des différents cadastres, l’ensemble des biens de Joseph Keraudren et de sa femme figurent sous l’appellation « Laé-Keraudren » et non pas « héritiers Keraudren ».

Cela ne concerne pas toutes les parcelles. Par exemple Jacques Jaffré reste propriétaire de la crèche située dans l’alignement de la maison de Kerellot.

 Dans un document de 1820 Jacques Jaffré a cédé à Jacques Keraudren la rente consentie en 1789 par Marie Jeanne Kerguelen au profit d’Alain Jaffré, son père. On a vu que le lien entre les Laé-Keraudren et la famille Jaffré doit être recherché parmi les carn ou les Thépault.

Les difficultés des successions Kerguelen-Vergos

 Dans le partage de 1839 il y a des biens provenant de la succession de Françoise Kerguélen, leur tante, mais leur identification n’est pas évidente, sachant que son mari, Jean Marie Vergos est usufruitier. D’ailleurs une rente lui est versée, au moins jusqu’en 1850. Il décédera seulement le 29 février 1856 à l’âge de 92 ans!

La notion d’usufruit semble cependant très large, sauf, si Jean Marie Vergos l’a transmise à sa sœur dans une donation ou dans son testament.

 

Les héritiers d’Allain Laé

Parmi les achats réalisés par Auguste Laé, Véronique Quélen ou Jean Laé il y en a plusieurs, qui concernent des terres appartenant aux héritiers d’Allain Laé. La plupart de ces terres proviennent d’ailleurs du partage de 1840 (voir la page 36-23).

 Il y a eu d’abord en 1839 le partage des biens de Joseph Keraudren et de Marie Jeanne Kerguelen. Le partage était entre leurs deux enfants : Jacques Keraudren et les 3 enfants de Marie Anne Keraudren, épouse de François Laé. Il y a eu ensuite en 1840 le partage entre les trois enfants : Jacques, Anne-Marie et Allain Laé. Allain Laé a donc hérité d’un tiers des biens attribué à Marie Anne Keraudren et chacun de ses héritiers un sixième de ce tiers, donc pas grand-chose. C’est probablement, avec celui des huit enfants de Marie Louise Capitaine, un exemple des difficultés rencontrées par les héritiers, avec l’obligation de procéder à une répartition plus ou moins rapide des biens.

 En fait cela fait encore moins car Allain Laé a vendu le 1er juin 1840 à son frère, Jacques Laé, la totalité des terres situées à Lambézen. Il ne restait plus, outre la maison du four, que 22 parcelles situées entre Kerellot, Penarcréac’h et Persuel, plus les parcelles héritées de sa première épouse, Marie Josèphe Keraudren (succession de Jeanne Carn) et celles venant éventuellement de sa seconde épouse Marie Perrine Quézédé. Ces parcelles sont à Trégoudan ou sur le territoire de Roscanvel.

Il y a apparemment eu également des achats (ou plutôt des échanges).

La situation est encore plus compliquée par le fait, qu’Allain Laé a vendu le 3 juillet 1893 trois parcelles à trois de ses filles (en jaune ci-dessous).

Les noms des autres parcelles ont peut-être changé entre-temps. Dans le partage de 1840 les numéros des parcelles n’apparaissent pas encore.

 Une parcelle terre chaude, nommée mez guen bian, autre dite mez guen vras, pen ar jardin

Une parcelle terre chaude dite ar chan (Marie Louise)

Une parcelle terre chaude dite parc nevez (Augustine) , autre dite dachen cren

Une parcelle terre chaude dite liors an dalar, autre dite dalar pen ar poul

Une parcelle terre chaude dite ar yeun (Marie Jeanne)

Une parcelle terre chaude nommée douar siliou (Marie Perrine)

Une parcelle terre chaude nommée liors quelern avec une petite parcelle terre chaude dite ar parc nevez

Deux sillons terre chaude nommés liors kerinou

Deux sillons du levant de liors mazé pen ar poul

Une parcelle terre chaude nommée ar guidellou penarpoul

La moitié couchant d’un sillon terre chaude nommé ar treiste

Deux sillons terre chaude dits ar fouriner ar prat penarpoul

Une parcelle terre à lande, nommée liors ar hoat

La moitié couchant d’une parcelle terre grise, dite a lan bil

La moitié couchant d’une parcelle terre grise, dite douar ar siliou

La moitié côté midi d’une parcelle terre grise dite parc kerveguen

Une parcelle terre grise dite parc toul tors à penarcreac’h

Une parcelle terre grise dite goarem ar yeun, le tout situé à kerellot

Une parcelle terre chaude situé à persuel, nommée mez navel, donnant du levant sur la grève

 Le partage entre les 6 héritiers a eu lieu le 5 avril 1902

Héritiers

Époux/épouse

Crozon

Roscanvel (hors Penty)

Marie Jeanne

(3ème lot)

Goulet (écrit parfois Gouli dans les actes)

19 septembre 1902

Ar Yeun

19 septembre 1902

Parc ar Pont 309p

Radennoc 184

Angélique

(5ème lot)

Douarinou

(branche Le Tocquet)

 

 

Marie Louise et ses filles

(6ème lot)

Le Floc’h

 

28 août 1911

 

 

Augustine

(2ème lot)

Lusson puis Mazéas

24 février 1914

7 parcelles hors les portes

24 février 1914

Toul ar Pors 299

Hervé

(1er lot)

Sont restés célibataires et ont habité la maison de Kerellot ; les autres habitaient Brest

 

26 mai 1902

Toul ar Pors 302p

Perrine

(4ème lot)

 

 

 

 

12 parcelles sur 22

 

La parcelle 309 Parc ar Pont appartenait à Jean Derrien en 1830, Marie Jeanne en a la moitié ; qui a l’autre? Les parcelles 184 et 302 appartenaient à Jean Thomas Keraudren ou plutôt à son épouse Marie Jeanne Penfrat; elles sont passées ensuite à sa fille Marie Jeanne et donc à son époux, Allain Laé. La parcelle 299 était à Jean Jaffré. Elle a dû être échangée entre-temps.

 Les parcelles listées dans le 6ème lot de Marie Louise (épouse Le Floc’h puis Mazéas) ne sont pas celles du partage de 1840. Il y a probablement eu des échanges entre 1902 et 1911. Il y a aussi deux parcelles du Disloup et une du village disparu Kerizac. S’agit-il de biens Quézédé ( Hervé Quézédé avait une parcelle près de Parc ar Pont)? Penfrat ? Ou d’achats faits par Allain Laé ?

 Qu’est devenue la maison du four ?

 Les noms cités plus haut ne se retrouvent pas facilement dans l’état des sections, qu’il faudrait parcourir et annoter ligne par ligne. L’idéal serait d’avoir en ligne la matrice cadastrale.

 Pour mémoire Allain Laé, Marie Jeanne Laé et Angélique Laé ont vendu le 7 juillet 1888 à Véronique Quélen la petite maison derrière Ty Bian, que j’ai appelée Penty JTK du nom de son propriétaire en 1830. Cette maison avait été attribuée à François Laé, fils d’Allain Laé et de Marie Jeanne Keraudren après le décès de cette dernière, le 15 juin 1842. François Laé est décédé le 19 avril 1849. Allain Laé avait conservé le quart des biens de son épouse. Les deux filles nées avant le décès de François Marie Laé ont donc hérité des 3/4. ou plutôt à son épouse Marie Jeanne Penfrt

Il devait rester des terres, puisque les autres enfants ont récupéré des parcelles à Trégoudan.

 Ce qui nous reste aujourd’hui

 Il nous reste encore 8 parcelles ‘en dehors des portes’ pour une surface totale de 6802m². La plus grande, AB83 fait 2145m², la plus petite, AC87, seulement 217m². Elles sont pratiquement inutilisables, à l’exception de celle de Kérinou, qui doit être englobée dans une parcelle plus grande et cultivée par quelqu’un, qui ne se soucie pas de nous dédommager. On a d’ailleurs le même cas sur Camaret.

 

Lieu-dit

Numéro actuel

Section et Numéro en 1830

Appellation en 1833

Appellation dans les titres

KERELLOT

AB83

1-701

Ar C’han

Ar C’han

KERELLOT

AC47

1-757

Parc Nevez

Parc Nevez

KERELLOT

AC87

1-844

Mez Guen

Mez Guen

KERELLOT

AC89

1-848

Mez Guen

Mez Guen an ero dro 848p

PENARPOUL

AC239

8-24

Dalar Pen ar Prat

Dalar pen ar Poul

PENARPOUL

AC250

8-11

Foennec ar C’harn

Foennec ar C’harn (2-4)

PENARCREAC’H

AD147

2-202

Ar Menez

Ar menez (333 m²)

KERINOU

AE229

8-488

Parc Moan

Parc Moan

 Ar Yeun 925 a été vendue

Parc ar groachet 87p a été vendue

Mez Guen 845 a été vendue

Var ar dalar 197 à Penarcréac’h a été vendue

 on retrouve bien les 12 parcelles achetées aux héritiers d’Allain laé.

 La parcelle AD147 est restée en indivision ; cependant on en a le quart au lieu d’un sixième ou d’un tiers. Qui a les autres parties? Apparemment ce ne serait pas parmi les descendants d’Allain Laé.

 La parcelle 848 appartenait à Jean Marie Vergos (400m²) ; elle a été réduite de moitié. Qui a conservé l’autre moitié ?