Version 5.4_Page 34-41_ décembre 2023
Parmi les documents contenus dans la caisse il y a pas mal de prêts, de reconnaissances de dettes ou de remboursements. Il y a aussi quelques rentes. A l’exception du dernier prêt, consenti avec un intérêt de 3% par Jean Laé à son frère Auguste et de la rente « Piriou » au denier 22, tous les autres sont avec un intérêt de 5% (au denier 20).
Il faut mettre également à part la rente censive sur la tenue de Garrec Ven, qui concerne plusieurs personnes appartenant à des familles différentes. Elle est dans le chapitre sur les tenues.
1. Les rentes
Rente Piriou
Le premier cas rencontré est celui de la rente foncière d’un montant de 9 francs due par Jean Gourvez à la famille Piriou, sur les lieux de Trévarguen Izella et Trévarguen Huella, commune de Roscanvel. Elle est rachetée pour un montant total de 198 francs par ses héritiers en 1817, parmi lesquels on trouve Jean Derrien. Un quart de cette rente avait même été cédée par Corentin Gourves à un voisin, Vincent Le Bris, époux de Marie Olive Kéraudren (la sœur de Jean Thomas Keraudren de Quélern) . Le montant relativement modéré de la rente, en l’absence de détail sur les terres concernées, fait penser à un lot issu du démantèlement d’une tenue à domaine congéable.
Le patronyme « Piriou » est relativement rare à Roscanvel et on trouve peu de choses sur internet. En fait il y a bien Jean Piriou (Sosa 150) et Marie Piriou (Sosa 75). Il n’y en a pas non plus beaucoup sur Jean Gourvez.
Né vers 1736, il a épousé Louise Batani. Il est décédé en 1802. Corentin Gourvez et Louise Batani ont eu 5 enfants. Or le document ne mentionne que deux d’entre eux. L’une des filles, Marie Anne Gourvez a bien épousé Yves Le Géval, frère de Jeanne (Sosa 101). Une autre, Marie Louise Gourvez, a épousé Jean Derrien, mais elle est décédée en 1810; il en a été question plus tôt.Il manque donc trois des enfants de Corentin Gourvez. Il semble manquer notamment Marie Jeanne Gourvez, qui a épousé François Marie Penfrat, le frère d’Yves Marie Penfrat (100).
Rente Lelias
Jean Derrien, a acheté la ferme de Trégoudan, moyennant un paiement comptant de 600 francs, un deuxième paiement de 300 francs en 1806 et en suite une rente perpétuelle de 60 francs.
Au début Jean Derrien rembourse scrupuleusement la rente de 60F. En 1816 il rembourse un quart du principal de la rente, c’est-à-dire 300 francs et encore 150 francs en 1817.
Enfin en 1819 il rembourse le reste.
Rente Jaffré
Si nous n’avons pratiquement pas de documents au nom de François Laé, son nom apparaît cependant dans un reçu de 1827 signé par Jacques Keraudren, son beau-frère.
François Laé rembourse à son beau-frère la moitié des sommes, que ce dernier a versées pour le rachat de la rente de 6 francs créée par Marie Jeanne Kerguelen au profit d’Alain Jaffré le 20 mars 1789. Le rachat a été fait par Jacques Keraudren en 1820 pour un montant total de 143 francs (120 francs de principal et 23 francs de levée).
Il paraît illusoire de retrouver l’origine de la rente par des ascendants communs car il faut remonter trop loin en arrière comme le montre la grille ci-dessous. Cependant on trouve des parcelles vers Kerellot, où les Laé-Keraudren sont associés à des Jaffré. Comment cette indivision a-t-elle pu se produire? Alain Jaffré est arrivé récemment à Kerellot. Pourtant il est devenu rapidement incontournable.
Le grand nombre d’individus portant le patronyme « Carn » est source d’erreurs. Il convient d’être prudent. L’absence d’informations sur les parcelles de Trégoudan Huella ne facilite pas non plus la lecture des documents. Il semble cependant que tout vient du démembrement d’un vaste ensemble appartenant initialement à la famille Carn. Il ne faut pas négliger non plus la possibilité d’échanges ou de ventes tout au long du 18ème siècle. S’il semble vraisemblable, que Bernard Carn et Marguerite Carn soient effectivement frère et sœur, il y a peu de généalogies, qui en font état. Par contre on va retrouver des descendants de Bernard Carn dans la branche Capitaine via la famille Goascoz.
2. Les prêts
Les exemples suivants sont des prêts classiques avec une échéance fixe. Le premier est celui de 70 francs accordé le 13 février 1836 par la veuve Brière. Ensuite il y a celui accordé par Louis Laé de Loscoat aux enfants de son frère, François. En fait il y a deux prêts successifs de 100F et 360F ; curieusement la somme remboursée en 1838 se monte à 520F ! Il manque peut-être un troisième prêt.
Il s’agit probablement de faire face aux problèmes survenus juste avant le décès de Marie Anne Kéraudren.
Ensuite les Laé font de multiples prêts, pour des montants variables, d’abord pour des dépannages ponctuels, puis pour faire face aux premiers achats de terres ou de maisons. En 1838 il y a le prêt « Cuzin » de 92,45 francs, puis le prêt « Druy » de 900F (M. Druy était le juge de paix de Crozon; il habitait derrière l’église).
En 1850 c’est Mme Noury, veuve Gaudin, de Quélern, qui prête 529 francs.
Le 22 juillet 1871 les enfants de Pierre Marie Penfrat, qui avait reçu le cinquième lot de la donation Mailloux, vendent aussi les biens de leur père à Auguste Laé.
Le montant de la vente est de 600 francs, montant financé par un prêt de leur mère, Marie Catherine Bozec à Auguste Laé pour 600 francs.
Curieusement il n’y a qu’un seul reçu, pour l’année 1872, avec sur le même papier deux reçus de 1872 et 1873 pour un prêt de 450 francs.
En 1875 Véronique Laé emprunte 700 francs à Kermorgant d’Argol. Il n’y a pas d’autre reçu au-delà
Enfin en 1910 Jean Laé prête 1400 francs à son frère Auguste, qui a des problèmes de trésorerie avec son chantier de construction de bateaux. Les problèmes ne trouvant pas de solution, le prêt ne sera jamais remboursé, mais Auguste Laé cédera à son frère tous ses biens.
Il y a un écart considérable entre le montant des emprunts faits par Auguste Laé et Véronique Quélen en face aux sommes, qu’ils ont dû mobiliser pour les nombreuses acquisitions de terres à compter de 1849, puis les achats de Ty Bian en 1870 pour 6000F avec les terres, celle de la petite maison accolée à Ty Bian (500 francs seulement en 1888, mais pratiquement sans terres!) et celle de Ty Maurice Téphany en 1889, pour un montant non retrouvé, mais probablement proche de 5000 francs. Il est possible, qu’il manque encore des documents.
Enfin Jacques Marie Penfrat apparaît également en 1841, quand il fait un emprunt de 400 francs pour payer les terres achetées en 1840 à Alain Laé et à la veuve de louis Derrien.
Le document s’est probablement retrouvé dans les papiers remis lors de la vente aux Laé de ses biens.
Embrouille chez les Derrien
les problèmes financiers peuvent aussi se retrouver dans les avances sur héritage (voir la parabole du fils prodigue).
en 1825 Marie Louise Derrien et Guillaume Boënnec, son mari, réclament à Jean Derrien sa part dans la succession de sa mère Marie Louise Gourves. Comme Jean Derrien et Marie Louise Gourves ont eu 5 enfants, la part de Marie Louise Derrien dans la communauté entre ses deux parents est de 10%.
La part réclamée par Marie Louise Derrien se compose tout d’abord de 74 francs, représentant 10% des biens meubles selon l’estimation faite en 1807 par Pierre Herveguen.
Il y a ensuite 72 francs pour douze années de ferme (échues le 29 septembre 1824) pour les biens immobiliers.
Il s’agit de la ferme de Trégoudan achetée en l’an 13 à pierre Lelias.
Curieusement la demande de Marie Louise Derrien se base uniquement sur la rente : 60F et sur une durée de 12 années. Or la rente a été payée à partir de 1806 ; elle a été remboursée partiellement en 1816 et 1817, puis en totalité en 1819. On arrive bien aux 12 années, mais il y a erreur sur la dernière échéance.
Elle ne tient pas compte du paiement comptant de 900 francs intervenu en deux fois : 1805 et 1806.
Le prix réel la ferme de Trégoudan est de 2100 francs et Marie Louise Gourves aurait pu réclamer 210 francs au lieu de 72. est-ce une erreur du notaire, Me Pelliet?
Il n’y a pas de document sur le partage des biens propres à Marie Louise Gourves, sinon le rachat de cette part par Jean Derrien en décembre1833 à François Marie Balc’h, qui venait de les acheter à Guillaume Boënnec et Marie Louise Derrien. Cela concerne des terres à Kerizoc et à Trévarguen. La valeur de rachat est de 60 francs.
Une courte remarque:
Où était le village de Kerizoc? L’examen du plan cadastral et de l’état des sections ne fait pas ressortir de trace d’un village disparu, comme on le pensait auparavant.
Il s’agit tout simplement d’une déformation du nom du village de Keruzou par un scribe peu au courant des de la toponymie locale pourrait l’expliquer. Voir la page 14-31.
Curieusement lors du partage des biens immobiliers de Jean Derrien et Marie Louise Gourves en 1835, il n’est pas fait état de ces avances sur héritage, mais ce n’est pas le même notaire : les deux premiers actes sont de Me Pelliet, le dernier de Me Riou.
Dans le document remis à la veuve de Louis Derrien il est question de 600F pour chacun, avec remise de soultes, car les lots ne sont pas égaux.
L’ensemble des biens est donc évalué à 3000F.
Ce qui met les biens propres à Jean Derrien à 600 francs, si on admet que François Balc’h n’a pas récupéré plus que ce qu’il avait payé (60 francs) pour un cinquième des biens immobiliers propres à marie Louise Derrien) et si la ferme de Trégoudan est estimée à son prix d’achat : 2100F.
Vente d’Allain Laé à ses enfants
Il y a le cas inverse, quand le père a besoin d’argent, il vend à ses enfants des terres à un prix supérieur au marché. C’est ce qu’a fait Allain Laé, quand en 1893 il a vendu à chacune de ses trois filles trois champs pour 400F chacun, celui vendu à Augustine Laé étant deux fois plus petit que ceux vendus à ses deux sœurs. Elles n’en auront la jouissance qu’à partir du décès de leur père. Une sorte de viager sans le nom ?
La rumeur dit, qu’Allain Laé se trouvait souvent en manque et qu’il vendait alors des terres pour se renflouer.
Le capital ne sera versé qu’à la majorité des enfants
Le 22 juillet 1871, Auguste Laé et Véronique Quélen achètent des terres à Mme Bozec, veuve de Pierre Penfrat, décédé en 1864. Le montant de la vente : 600 francs.
En même temps Mme Bozec prête 600 francs aux époux Laé, qui lui servent du 5%, c’est-à-dire 30 F par an.
Ils remboursent le quart et continuent de verser 22,50 F à Mme Bozec. Curieusement le remboursement du capital restant est prévu à la majorité des enfants.
En 1886, Léonie, Guillaume et Joseph Penfrat reçoivent donc 450 F de Véronique Quélen. Léonie a 23 ans, ses frères 29 et 26 ans.
Pourtant l’acte de vente de 1871 n’est pas aussi catégorique sur l’échéance et il n’y a que quelques reçus du versement des intérêts. D’ailleurs en 1886 personne ne se souvient réellement de la date de la vente des terrains.