Version 5.4_Page 40-41_ décembre 2023
Pour essayer d’approfondir et de consolider les informations déduites de l’examen des archives il a été fait appel essentiellement aux travaux mis en ligne par Généanet.
La recherche se fait habituellement à partir d’un couple patronyme/commune ou paroisse.
La richesse des éléments collectés dépend de celle des documents consultés et de l’intérêt porté par les internautes, qui les ont mis en ligne. Il y a donc des trous. Il y a aussi des approximations et des interpolations car les BMS disponibles sont de plus en plus pauvres au fur et à mesure, que l’on remonte dans le temps.
Enfin il y a les déformations résultant des dialectes locaux : Hellégouet devenant Allegot, Cadiou devenant Cariou, Jestin ou Gestin…
Pour les patronymes les plus courants, Généanet fournit des cartes donnant leur répartition siècle par siècle. Dans la plupart des cas l’analyse a été limitée au 17ème siècle. Cela conduit à des informations intéressantes, même si, dans certains endroits, la pauvreté des documents disponibles peut fausser les analyses.
En effet de nombreux patronymes sont spécifiques à des zones géographiques très limitées, au delà des surnoms classiques, des noms de métiers ou des noms de lieu. L’idée est d’essayer de suivre ces patronymes à répartition restreinte.
L’origine des patronymes dans les grilles 711
6 patronymes n’ont pas été analysés dans Généanet, 11 sont trop communs et donc très dispersés; il y a toujours 4 individus inconnus, ce qui donne en tout 21 patronymes sur 64. Si on enlève les doublons on arrive à moins de 40 patronymes différents, dont la répartition géographique est restreinte dans un grand nombre de cas.
De plus le phénomène d’implexe à Kerloc’h, où il y a beaucoup de patronymes identiques, comme Téphany ou Quelen, va fausser le regard porté sur l’origine des ascendants. En fait cela revient pratiquement à arrondir les ratios.
En gros 1/4 des noms de famille sont originaires de la presqu’île, 1/4 des caps (Cap Sizun et Cap Caval, y compris la région de Douarnenez), 1/4 du Léon, essentiellement de la région des Abers, mais aussi le Pays Pagan, et un dernier quart du Trégor et du Centre Bretagne. Ceux du Léon correspondent pour une bonne part (3/4) aux ascendants de Célestine Potin, qui sont restés à l’intérieur du Léon. Les migrations concernent donc surtout les ascendants des trois autres grand parents.
La carte des patronymes à répartition restreinte
Sur la carte ci-dessous sont indiquées les zones, où ont été trouvé les patronymes à répartition restreinte. Certains d’entre eux se retrouvent plusieurs fois, comme si c’était le résultat de migrations plus anciennes. La part importante prise par les patronymes du Trégor (et de centre Bretagne) interpelle cependant car ce n’est pas la tendance initiale, qui a été déduite de l’examen des grilles 711. Par exemple les Le Lay et les Allanou ont migré du Trégor vers le Pays Bigouden. Par contre les Jestin et les Bizien sont partis du centre Bretagne pour aller vers le Léon.
Il y a des patronymes spécifiques d’une région très limitée comme les Téphany et les Herjean.
Que dire de Belbéoc’h, qui semble avoir été créé à Douarnenez.
Telgruc semble avoir été également le creuset d’un grand nombre de patronymes particuliers : Kerspern, Mérour, Le Monze; les migrations sont intervenues plus tard. Il en est de même pour les Abers, où le pays plus ouvert a pu favoriser les migrations.
Keraudren et Kermarrec ont été considérés comme des patronymes spécifiques de la presqu’île de Crozon, même, si on les retrouve ailleurs, car il semble, que cela corresponde bien à des familles originaires d’un lieu-dit, notamment Keraudren, qui est aussi le nom d’un village de Camaret. En dehors de cette étude on va trouver les Keranguyader, qui sont probablement originaires du village du même nom, situé près de Kerloc’h. Que dire des Penfrat ? Il y a un village portant ce nom près de Camaret.
Et Herjean alors, caractéristique de Roscanvel, variante de Kerjean.
Un cas intéressant : le patronyme Goascoz, qui semble originaire du Cap Caval (de Treguennec à Penmarc’h), ne se retrouve pas dans ceux des ancêtres de la branche Le Lann, qui ont été identifiés dans cette partie du Pays Bigouden. Par contre on en retrouve beaucoup à Roscanvel dès 1700. La migration est probablement intervenue à la fin du 17ème siècle. Pour mémoire les milices, qui sont intervenues lors de la bataille de Camaret en juin 1694 venaient en grande partie du Pays Bigouden ; il est possible, que certains soient restés dans la presqu’île.
Il y a bien évidemment un cas à part : celui des Jacobi (Jacoby), qui n ‘apparaît pas sur la carte. Dans l’analyse de Généanet c’est un patronyme originaire d’une région allant d’Anvers à Strasbourg en passant par le Luxembourg.
En 1700 il se retrouve essentiellement localisé à Telgruc. Est-ce un marin d’Anvers, qui a posé sac à terre dans la presqu’île ? Ou alors un soldat resté sur place après les guerres de Religion ? On a bien des Lespagnol, Lallemand, Langlois…La presqu’île de Crozon a été particulièrement touchée par ces guerres. Des exactions ont été commises, qui ont pu vider certains villages. Il y a certainement eu des vagues migratoires au début du 17ème comme il y en a eu pendant la guerre de 100 ans, quand les anglais ont ravagé la région; Saint Nic a été vidé de ses habitants au cours du 14ème siècle.
Lieux de naissance et zone de diffusion des patronymes
La comparaison avec la répartition des lieux de naissance est assez significative. Même en rajoutant les informations manquantes on n’arrive pas à compenser le déficit de la presqu’île ; on est bien en présence d’une terre d’immigration. Les gens sont venus surtout des caps (toute la zone en dessous de la ligne Douarnenez-Quimper) et du centre Bretagne, qui va du sud du Trégor à environs de Rostrenen. Le transfert du Léon vers la Presqu’île est relativement limité (le cas des Laé par exemple). Une part de ces migrations a été certainement provoquée par la construction des lignes de Quélern ; d’un autre côté il y a eu la recherche de terres nouvelles. Il ne faut pas oublier, que la guerre de cent ans puis les guerres de religion avaient vidé les campagnes.
Le tableau ci-dessous prend en compte les migrations représentées sur la carte, ce qui peut gonfler la part des patronymes originaires des Caps et celle des noms du Trégor. Il y a le pourcentage pour les ascendants de la 7ème génération et ceux de la 9ème.
Bien évidemment l’absence d’indication sur les lieux de naissance pour la plupart des individus nés avant 1700 rend l’analyse boiteuse. Il y a bien des régions, où les BMS remontent loin dans le temps mais aussi d’autres, où il y a peu d’informations exploitables, on va donc rester sur une tendance.
Par contre, malgré toutes les réserves faites, la quote-part des lieux de naissance et des patronymes originaires du Léon reste bien de l’ordre de 25 % dans les deux cas, ce qui peut donner un peu de crédit à l’étude.
Les autres patronymes
En plus des patronymes des individus de la 7ème génération, il faut noter :
D’Hervé
On est dans une zone très limitée, entre Dinéault, Cast et Locronan.
Cadiou
C’est essentiellement dans la zone comprise entre Lesneven, Morlaix et le pays Pagan, au nord du Léon.
Cariou
Relativement fréquent au sud de Quimper, c’est certainement une déformation locale de Cadiou car on trouve parfois les deux patronymes dans une même généalogie.
Derrien
Ce patronymes semble originaire des monts d’Arrée. Cette région étant très pauvre, il y a toujours eu des migrations, vers le Trégor ou la région de Brest.
Il manque cependant les patronymes en « A » du Léon. Aucun Abgral ni Abalan, encore moins d’Abiven ou Abjean….Il y a seulement Marguerite Abadez, dont le fils est localisé à Saint Nic mais c’est peut-être relié à Abadie.
Ces patronymes font penser aux Mac écossais, aux « O » irlandais mais aussi aux Ben ou Ibn, du Moyen Orient.
Ils sont essentiellement originaires du pays Pagan au nord de Lesneven, région très particulière. C’est une survivance des anciens noms « Fils de… » mais pourquoi uniquement dans cette zone triangulaire, qui va de la côte jusqu’à Kernilis dans les terres?