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Le cadastre
Le cadastre napoléonien de 1831
Parmi les nombreuses innovations du début du 19ème siècle il y a la constitution du cadastre, appelé communément « cadastre napoléonien », même s’il est généralement daté de 1830 ou de 1831, selon la commune; mais c’est le résultat de travaux considérables d’arpentage, de collecte d’information et de mise en forme. Il se décompose en trois parties : le plan cadastral, l’état des sections et la matrice cadastrale. Le plan cadastral et l’état des sections sont en ligne. Pour consulter la matrice cadastrale, qui permet de suivre les mutations successives, il faut aller à Quimper aux Archives Départementales du Finistère.
Le plan cadastral
Si l’on tient compte des moyens techniques de l’époque, le plan cadastral est relativement précis, du moins en ce qui concerne les constructions. Ci-dessous le « Pors » à Trégoudan, berceau de la famille Laé.
Puis les constructions autour de Ty Bian.
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D’une manière générale les constructions privées sont en rouge et les bâtiments publics en bleu (églises, chapelles, fontaines,….). En jaune orangé en a vraisemblablement les constructions en ruine. En couleur rose plus claire les portions de terrain rattachées à des constructions, par exemple une cour ou une aire à battre (voir ci-dessus en haut des parcelles 422 et 423, qui font partie de Parc Leur).
Les limites des parcelles
On retrouve d’une manière générale les limites des parcelles originales avec les découpages successifs, les plus récents étant représentés avec un trait plus fin et des bornes, parfois avec des hachures pour les derniers partages. Sur le cadastre napoléonien les bornes vont par paire et marquent la limite entre deux parcelles mais jamais entre trois ni avec les chemins. IL y a donc une ambiguité enc e qui concerne certaines limites comme sur l’extrait ci-dessous.
La présentation du cadastre peut varier selon les communes. Cela tient probablement au technicien chargé de faire les plans.
Sur les plans apparaissent aussi les signaux, parties d’un ancien système d’alerte. Ils sont en général sur des points élevés mais pas toujours.
L’état des sections
Il vient en complément du plan cadastre en donnant pour chacune des parcelles son nom, le nom du propriétaire, sa surface, son état et son revenu fiscal. L’état des sections comporte aussi le numéro, qui a été attribué à chaque copropriétaire dans la matrice cadastrale.
Il y a quelques erreurs, qui proviennent probablement du fait que, pendant la collecte des informations, il y a eu des ventes, des échanges et des partages. On ne sait pas non plus comment les données ont été collectées.
Si le nom des parcelles est en général bien conservé, il y a des cas, où le propriétaire a donné un nom différent de celui donné par ses voisins aux parcelles, qui l’encadrent.
Ensuite le cadastre précise s’il s’agit du propriétaire, du domanier ou de l’usufruitier.
Qu’est-ce un Domanier?
Dans le Littré on trouve :
- 1 Anciennement, employé de l’administration des domaines. Le domanier leur avait prouvé généreusement qu’elles n’avaient pas assez estimé leur héritage, [Voltaire, l’Homme aux 40 écus, Audience.]
- 2 Celui qui prend une tenure à domaine congéable.
- 3 Adj. Qui concerne le domaine. Droits et exploits domaniers.
On verra que cela pose quelques problèmes de suivi car le domanier est parfois celui qui « donne » et dans d’autres cas celui qui « prend ».
Dans le Léon on trouve parfois mentionné les deux: celui qui donne et celui qui prend.
La matrice cadastrale
Elle permet de suivre les mutations. Les propriétaires sont classés par leur numéro. Il est probable que les premiers aient été classés par ordre alphabétique, mais les nouveaux propriétaires ont un numéro à suivre. Sous chaque numéro apparaissent les biens appartenant au propriétaire, qui lui est associé. Si on cherche les mutations successives d’une parcelle, il faut donc se promener dans la liste des propriétaires successifs, ce qui est assez fastidieux.
Bien évidemment seuls les initiés commaisseant les numéros des parcelles et de très nombreux acres notariés ne les donnent pas. Il faut aller à la pêche.
Les modifications de 1851
Le rattachement des villages de Trégoudan et Quelern à la commune de Roscanvel en 1851 a eu pour conséquences de transférer une partie du cadastre de Crozon sur la commune de Roscanvel. Par contre l’état des sections a été recopié avec les modifications intervenues entre temps. On verra qu’il est souvent plus intéressant de reprendre l’état de Crozon, qui contient, notamment dans le cas d’Yves Le Lann, des informations sur l’origine des parcelles, qui lui sont attribuées.
La scission de 1872 avec la création de la commune de Lanvéoc
En ce qui nous concerne elle ne devrait pas avoir de répercussion, sauf si elle permet de retrouver des chaînons manquants au niveau des individus.
Les modifications de 1908 à Camaret
En 1908 les habitants des villages situés entre l’étang de Kerloc’h et la baie de Camaret ont obtenu leur rattachement à la commune de Camaret, au vif mécontentement du conseil municipal de Crozon, qui venait de faire édifier l’école primaire du quartier, appelée d’ailleurs « école de Kerloc’h ».
Toutefois la carte d’assemblage est intéressante, car elle met en avant des détails ignorés jusque là, comme la plate forme, qui se trouve en surplomb de la plage de Trez Rouz et qui disparaît peu à peu, rongée par l’érosion
Le cadastre actuel de Roscanvel
Avec le remembrement de la commune de Roscanvel dans les années 1950-1960, beaucoup de références ont disparu. Son seul intérêt est de permettre de situer les constructions anciennes, qui ont survécu et de noter ce qui a disparu.
Il existe bien un plan du remembrement mais curieusement sa diffusion est restreinte. Si les propriétaires ont bien reçu une liste des parcelles avant/après, le plan lui-même n’est pas disponible en Mairie et apparemment seuls quelques privilégiés en ont eu une copie. Ce n’est que vers 1985 que le géomètre en a fait une copie pour les champs de Tregoudan. La même copie nous été donnée il y a quelques années à l’occasion d’un bornage. Il apparaît que toutes les parcelles n’ont pas été remembrées. Le bâti est bien évidemment exclu mais il y a aussi des parcelles non bâties; pourquoi? Si le but initial était d’augmenter la surface moyenne des parcelles et d’en permettre l’accès par des engins agricoles, il reste quelques parcelles enclavées et surtout plusieurs parcelles ont seulement changé de propriétaire.
La construction des lignes de Quélern
Lors de la rédaction du cadastre napoléonien les lignes de Quélern sont terminées, à l’exception du réduit situé sur le plateau, mais les emprises nécessaires à sa construction avaient déjà été acquises. Les lignes ont été construites en plusieurs étapes ; elles ont fait disparaître un bon nombre de parcelles, que l’on ne retrouve pas si on tente d’exploiter les documents du 17ème et du 18ème siècle.
Il faut bien retenir que la Commune de Roscanvel n’a pas été mise en copie des PV du remembrement et ne dispose même pas du plan de remembrement. les seules archives accessibles ne concernent que la voirie et encore….
On a donc des zones d’ombre, même après la publication du cadastre. Elles seront signalées au fur et à mesure de l’exploitation des documents.
Le dénombrement des populations
On dispose des dénombrements quinquennaux à partir de 1836. A partir de 1841 les habitants sont répertoriés par village. L’âge des habitants, quand il est indiqué, est souvent très approximatif. Par contre on a parfois une indication sur le lieu de naissance, ce qui permet de faire le lien avec les autres documents, notamment avec les BMS de l’état civil. Le métier est généralement indiqué mais il faut se méfier car dans certains villages on n’a, que des canonniers, des tonneliers… Par contre cela a permis de retrouver ainsi les ouvriers d’Auguste Laé.
Dans la plupart des cas les noms et prénoms sont exacts, mais il y a des exceptions. C’est par exemple le cas pour Marie Perrine Penfrat, qui est recensée sous trois formes : Marie, Marie Perrine ou seulement Perrine, alors, que son vrai prénom est Marie Dominique. Dans ce cas il faut s’attacher à noter le nom du mari et ceux des enfants, car il y a beaucoup d’homonymes (il y a par exemple plusieurs Yves Marie Le Lann dans un court intervalle de temps) et, curieusement, beaucoup de déplacements d’un village à l’autre. Il faut aussi tenir compte des enfants décédés prématurément. Ils ne sont pas toujours faciles à repérer. Parfois même les parents récupèrent le prénom d’un enfant décédé pour le donner à un autre enfant ( ce sera notamment le cas pour Marie Clémentine Bancod née à Aoste).
L’état civil et les BMS
La mise en ligne de l’état civil et des BMS se fait progressivement. D’une manière générale on remonte rarement au-delà de 1700, du moins dans la Presqu’île de Crozon, comme si les désordres des années précédentes avaient fait disparaître de nombreux registres : guerre de religion, révolte du papier timbré (aussi appelée révolte des bonnets rouges)…En fait il faut surtout mettre en cause les mauvaises conditions de conservation des actes d’état civil et les vols qui ont été commis par ceux qui voulaient absolument récupérer un acte concernant leur famille.
Si pour certaines communes du Léon il est possible de remonter plus loin dans le temps, les informations exploitables sont aussi plus limitées, du genre jean fils de jean.
Curieusement la création des lignes de Quélern, en coupant les villages de Trégoudan et de Quélern du reste de la commune de Crozon a amené plusieurs familles de Trégoudan à faire les déclarations à Roscanvel, ce qui ne facilite pas les recherches même si le nombre de personnes concernées est très restreint. En fait cela concerne surtout les déclarations faites en l’an 2. En cas de doute, il est nécessaire de vérifier si la déclaration n’a pas été faite à Roscanvel plutôt, qu’à Crozon.
De nombreux registres sont en mauvais état. Il manque parfois des années entières, ou des pages, comme à Roscanvel, où des pages ont arrachées.
Les BMS
La lecture des BMS (baptêmes-mariages-sépultures) est rendue difficile par le fait que l’écriture est parfois partiellement effacée. De plus on ne retrouve pas toujours toutes les informations nécessaires. Pour les baptêmes il y a bien l’indication du village de naissance, les noms des parents et ceux du parrain et de la marraine. Pour les sépultures il n’y a que le nom du père ou celui de l’époux/épouse, plus celui des témoins. Le village du décès est généralement indiqué, mais pas toujours.
Par contre pour les mariages les noms des villages sont rarement indiqués. Comme il n’y a pas de liste officielle des villages, certains donnent des noms d’écarts.
L’orthographe de certains noms n’est pas toujours figée, surtout avant le 19ème. On voit donc apparaître des variantes comme par exemple : Autret = Le Treut = Le Tutor = Le Tuteur. L’article « le » est parfois omis. Enfin comme pour les dénombrements il y a des incertitudes sur les prénoms, dont l’ordre n’est pas non plus toujours évident. Par exemple on a indifféremment Elisabeth ou Isabelle, Perrine, Péronnelle ou Pétronille, comme on avait au Moyen Age Aliénor et Eléonore.
Si on ajoute le fait que l’on a beaucoup de Jean et de Marie, le risque de confusion est donc grand.
Il faut bien se souvenir également, que si Jean Marie et Jean sont souvent attribués à deux frères, on ne retrouve parfois, que Jean dans certains documents.
Internet, source d’information
Pour essayer de conforter les informations tirées de nos documents, il a été fait appel à des généalogies publiées sur internet, notamment celles que l’on trouve sur GENEANET. A ce jour plus de 1000 généalogies ont été analysées. Des informations importantes ont été retrouvées dans plus de 100 d’entre elles et il est difficile de citer tous les auteurs. Il y a parfois des difficultés de raccordement, notamment en raison du choix des prénoms. Les informations les plus pertinentes sont regroupées dans des grilles, comme on le verra plus loin.
Remonter dans le temps exige une prudence de sioux
Il faut donc être assez prudent et procéder pas à pas, d’autant plus que les informations disponibles dans les généalogies publiées sur le net sont parfois très succinctes. Elles sont cependant très précieuses, car elles permettent parfois de faire le lien entre plusieurs branches d’une même famille. L’idéal est d’associer chaque fois que possible un individu avec son époux/épouse, ses parents ou ses enfants.
Les prénoms bretons n’étaient pas à la mode
Dans les documents consultés il apparaît peu de prénoms d’origine bretonne (ni même celtique).
Certes il y a des Yves (plutôt Yvon), des Alain, plus rarement des Tanguy ou des Corentin, mais c’est à peu près tout.
En fait ce n’est pas tout à fait vrai ; récemment j’ai vu toute une série de Glaizvan au début du 18ème, à côté de quelques Goulven, surtout dans le Léon, où une commune porte ce nom. Il y avait même un individu prénommé Thépault et un autre Sezny!
Par contre une seule fois j’ai trouvé une traduction : Mathieu Téphany; quand ses voisins sont allés déclarer son décès ils l’ont prénommé « Mazé », qui est bien la traduction de Mathieu et l’officier d’état civil ne l’a pas corrigé.
Le problème de l’article « le »
Le problème de l’article « le » devant le nom de famille est incontournable.
En effet son usage n’est pas universel. Il varie d’ailleurs parfois selon les circonstances, ce qui est source de confusion.
Par exemple dans les tables décennales de Roscanvel les individus sont classés à « LANN » avec l’article « le » entre parenthèses, du moins à partir de 1820 environ; avant c’est « Lann » tout court. C’est la même chose dans les dénombrements de population (qui ne commencent qu’en 1836).
Compte tenu de la taille de la commune de Roscanvel les listes ne sont pas longues, mais j’ai quand même mis du temps à retrouver la trace de d’Hervé le Bihan, rangé dans les « B ».
Ce n’est pas toujours le cas : sur Telgruc ou Crozon, la règle change d’un registre à l’autre. L’article est parfois omis. En fait cela dépend du rédacteur.
Par contre dans les registres militaires tous les « le » ont été regroupés après les « l », dans une catégorie spécifique.
Dans les pages suivantes il a été supprimé la plupart du temps pour permettre un suivi des individus, mais il y a des cas, où cela n’a pas été possible, notamment dans les patronymes réduits à une seule syllabe.
Il faut signaler un cas à part : le patronyme Kerguelen, qui fut, au moins une fois, simplifié en Quelen.
Les noms de lieux
il y a enfin la transcription des noms de lieux, qui est parfois très fantaisiste, ce qui ne facilite pas le raccordement des documents. Les scribes ont pris souvent des libertés, qui sont peu à peu devenues la norme. Par exemple Trégouden (lu dans le livre sur le visage de la France), qui est devenu Trégoudan; par voie de conséquence la prononciation a évolué (Patrick a conservé l’ancienne prononciation). Dans certains documents anciens on trouve même Trougoudant. On a le même problème avec Kervian, qui se prononçait autrefois Kervien. Dans la famille Le Tocquet on prononce le second T de TREMET pas chez les Laé, leurs cousins; par contre notre notaire de Crozon fait également sonner le T. Il y a aussi le nom de Lanvéoc, qui devient Lanvaux pour beaucoup de roscanvélistes comme quand « ils vont à Lanvaux » mais qui reste Lanvéoc, quand il est question de la base aéronavale de « Lanvéoc-Poulmic » car on n’aurait pas idée de parler de Lanvaux-Poulmic!); on trouve aussi Lanvoc dans certains documents).
On trouverait des exemples à la pelle mais il y en a trois à retenir car ils peuvent entraîner des confusions: Kerhuellot à la place de Kerellot, Kerizoc au leu de Keruzou et surtout Penarher au lieu de Penarcréac’h (toujours en usage).
Avant les « Ker », que trouvait on?
Quand on regarde une carte on trouve qu’un très grand nombre de villages (hameaux?) portent le nom de Ker, sans que l’on trouve réellement une définition précise : est-ce un hameau, une maison, un lieu dit?
Que dire alors des « tre » comme dans tregoudan, tremet, trevarguen mais aussi tregana, trezien, treboul….
une photo sur MSN apporte une amorce de solution avec ce phare appelé trevose head qui se trouve en Cornouailles anglaises, côté nord.
On prend la carte et on agrandit pour découvrir tout un ensemble de villages.
On retrouve bien l’origine des « tre » bretons. Dans la plupart du temps les villages de la carte sont des hameaux; les textes en anglais parlent d’ailleurs de « settlement » ou simplement de « farm ». En agrandissant encore on en trouve un peu plus mais cette désignation semble toutefois réservée à un espace relativement restreint. Il y a quand même quelques saints, dont St Tudy (celui qui est à l’origine de Loctudy?)
à noter qu’en cornique la pointe, où est construit le phare, s’appelle Penn Trenfos
Chez nous c’est désormais « beg » alors qu’on a bien « pen hir » à Camaret; j’ai du mal avec Beg Penn ar Ros pour le cap de la chèvre mais le sommum est l’appellation Koad an Huelgoad vue sur une pancarte sur la RN164. Cela me fait penser à la plaque fixée sur le plus petit pont de Paris : « Pont Petit Pont »; je n’ai a pas vérifié ce qu’il en est des autres ponts.