Version 5.5_ page 02-75_décembre 2024

 La réouverture de la tour Vauban en 2018 s’est accompagnée de polémiques sur des détails, ce qui est assez normal, compte tenu de la nouvelle donne.

Autrefois la tour était centrée sur Camaret et la bataille du 18 juin 1694. Les circonstances politiques, qui ont déclenché cette bataille, servaient uniquement de décor.

 Aujourd’hui, avec le classement par l’Unesco, c’est différent. On change de perspective. L’accent est mis sur Vauban et sur le contexte : la guerre de la Ligue d’Augsbourg, les fortifications prévues et réalisées par Vauban passe au second plan.

La bataille de 1694 n’est plus le centre de l’exposition et la tour n’est plus qu’un écrin.

Générateur de flou

 Cela suffit pour générer un peu de flou. De plus le fait, que la bataille ait été gagnée grâce à une troupe de miliciens, mal habillés, mal équipés et mal encadrés, face à des troupes anglaises de qualité, demandait à être un peu enjolivé, comme ces vieilles gravures en noir et blanc, qui ont été peinturlurées pour mieux les vendre. Les commentaires désobligeants de Vauban sur les paysans, qui ont participé activement à la victoire, ternissant un peu son aura, ont été mis de côté. Enfin, comme dans les Western, la cavalerie est arrivée quand tout était fini mais on en parle.

Les Toudouze cultivent aussi le flou

 Cette bataille, qui n’a pas eu beaucoup de répercutions en haut lieu (2 médailles et un commentaire acerbe du roi sur le coût de sa construction) a donné lieu à de nombreux écrits, tous divergents en ce qui concerne les forces en présence, le déroulement de la bataille, sa durée….Les textes de Gustave Toudouze et de son fils, Georges-Gustave, que j’ai rencontré en 1963, sont certainement les plus proches des textes contemporains.

 Mais les plans, qui ont été dressés après la bataille et qu’ils utilisent, divergent.

 Gustave Toudouze a mis dans un article un dessin, probablement de sa main, copie d’une aquarelle. Cela n’a évidemment pas la précision d’une carte d’état-major. 

Son fils, George Gustave, a mis dans un texte publié en 1912 dans la dépêche de Brest un dessin de 1780, fait d’après un original de 1694.

On y voit la première version des lignes de Quélern, alors qu’elles n’étaient encore, qu’à l’état de projet en 1699. Il y a aussi d’autres dérives.

Les noms des villages ne sont pas mentionnés par contre il y a le moulin du diable. Il manque toujours la batterie de la mort-anglaise, sauf, si c’est celle, qui est au centre de la baie.

 Sous le toit

L’excellent travail de rénovation n’a pas permis de faire disparaître le détecteur de fumée ni l’extincteur.

Par contre l’escalier fait penser immédiatement à celui du manoir de Quélern, qui s’arrête dans le vide. Il est prolongé ici par une pièce de bois. Il devait en être de même dans le manoir mais, dans ce cas, il manquerait alors l’équivalent d’un étage car celui du manoir s’arrête au niveau du premier étage, sachant, que la présence d’ouverture dans la tour laisse à penser, qu’il y avait peut-être bien quelque chose plus haut.