Version 5.4_Page 01-43_mars 2024

La feuille n°3, consacrée à Quélern est occupée essentiellement par les lignes du même nom.

La feuille n°4 concerne les parcelles autour du village de Kerellot.

 La feuille n°3 compte moins de 100 parcelles, situées pour la plupart d’entre-elles dans une zone comprise entre la caserne Sourdis, à l’est, et le réduit, à l’ouest, tout en haut de la photo ci-dessus, qui date de 1919. Elle s’arrête à la route en lacets; au delà ce sont les lignes.

Au moment de la réalisation du cadastre napoléonien la caserne n’était pas encore sortie de terre, mais son emprise était déjà définie.

De même les terrains, sur lesquels l’ingénieur Traverse voulait appuyer la pointe sud-est de son réduit, avaient déjà été achetés et sont toujours propriété de l’état. Il y avait des constructions, qui ont été détruites lors de la dernière guerre. Un bâtiment sportif a été édifié récemment, plus près du réduit

Sur un document datant de 1753 le village portait le nom de Quélern-Tremet, mais il y a eu  une substitution, comme on le verra plus loin dans le chapitre 27, quand il sera question de Tremet, le village disparu.

Les importants travaux de terrassement, qui ont été réalisés lors de la construction des lignes au moment de la guerre d’Amérique, dans les années 1770, ont, de toutes manières, masqué l’ancien parcellaire.

Les habitations

 Pendant longtemps le village a été limité à trois groupes de maisons de part et d’autre du chemin allant de Crozon à Roscanvel.

 En 1913 La situation n’a pas beaucoup changé sur le plateau ; par contre la construction de la caserne Sourdis figure désormais sur le plan, ainsi que celles des débits de boisson, qui se sont rapidement construits à côté.

Le croquis ci-dessous permet de situer les trois groupes de maisons, que l’on retrouve également sur le cadastre.

Dans le groupe situé le plus au nord on avait en 1830 la maison de Paul Dréot, le boulanger. Elle existe encore, même si elle a changé extérieurement. Selon son propriétaire actuel elle est datée de 1613.

 Le groupe à l’ouest est également à peu près inchangé. En 1830 il appartenait aux héritiers de Mme Bois, de Châteaulin, qui était une riche propriétaire en ce début du 19ème siècle et dont le nom se retrouve dans bien des villages des alentours.

Il est possible, qu’il s’agisse de l’ancien manoir de Trémet car elle avait autrefois un étage.

Le troisième groupe, à l’est, a beaucoup évolué et on a du mal à retrouver la maison de Jean Thomas Keraudren. Seule la maison de Guillaume Raymond Jaffré est restée à peu près inchangée.

 Le chemin entre parc lann et parc moan a disparu lors du remembrement. Nous l’empruntions autrefois pour aller à Trez Rouz. Il devait être relié aux autres habitations du village de Trémet.

 La route centrale, orientée nord-sud, et le chemin passant devant chez Guillaume Raymond Jaffré devaient rejoindre directement Penarpoul avant la construction des lignes comme le montre assez bien l’examen de la photographie aérienne de 1919.

En rouge les deux portes et la route actuelle, qui vient de Trégoudan (c’est aujourd’hui la route des remparts). En vert les chemins anciens, qui menaient à ces deux portes à partir de Penarpoul. Nous utilisions parfois la branche de droite pour aller à Trez Rouz; cela évitait la montée sur le plateau. En orange l’ancienne route descendant de Penarpoul et son raccordement avec le village de Quélern (autrefois l’un des trois composants de Tremet).

Aurions-nous là une ancienne route romaine?

Le Sourdis

La caserne Sourdis est mentionnée dans de très nombreux documents, surtout ceux qui traitent de la Commune, car beaucoup de condamnés y ont séjourné avant de partir pour la Nouvelle Calédonie.

La construction de la caserne Sourdis, vers le milieu du 19ème siècle, a été suivie de la construction de plusieurs maisons, dans ce qui s’appelle désormais « Quélern en bas ».

Mais on appelait aussi parfois l’ensemble : « le Sourdis », sans faire de distinction entre la caserne et la maisons voisines, qui abritaient essentiellement des débits de boisson.

Le croquis de 1889 doit être assez proche de la réalité avec le bâtiment principal et la propriété Passini en bas du croquis.

Vers le centre il y a la « pagode » qui comprenait déjà plusieurs constructions. En fait ce sont celles de la briqueterie, dont une partie a été détruite. Selon le croquis la route passe à l’est comme aujourd’hui. 

Tout en haut serait-ce la forge de Madame Léostic?  La route descend ensuite avec un embranchement vers le chemin de Messiber. 

La « pagode » proprement dite semble absente du croquis tout comme le kiosque.

La population

Le dénombrement des populations de 1841 à 1851 montre bien cette évolution :

14 foyers et 78 habitants en 1841, respectivement 14 et 76 en 1846, puis en 1851, l’année du rattachement à Roscanvel, 19 foyers et 95 habitants.

Il y a plus de foyers, que de maisons identifiés sur le cadastre, comme si ces nouvelles maisons qui avaient été construites près de la caserne Sourdis entre 1830 et 1841 hébergaient plusieurs familles. Ce sont d’ailleurs des maisons à étage, Quélern a été un moment le plus gros village de Roscanvel après le Bourg.

Bien évidemment il y a aujourd’hui beaucoup de nouvelles constructions entre les deux parties du village.

La fontaine ferrugineuse

A côté des bâtiments militaires : lignes, réduit et caserne Sourdis, il y en a un, qui mériterait une réhabilitation : la fontaine ferrugineuse, qui se trouve au bord de la grève. Elle figure d’ailleurs sur le croquis. La route d’accès à la cale devait passer devant.

Les parcelles englobées dans les lignes

 Rattachées à la feuille n°3 il y a quelques parcelles, coincées entre les anciennes lignes de l’ingénieur Traverse et les lignes définitives. Elles ont été intégrées depuis dans le domaine militaire.

Ces parcelles étaient mentionnées à la fin de la liste des parcelles de la première feuille.

Elle portent le nom de « Menez Tremet », à l’exception des premières, qui sont appelées « ar guenvez » (ou « ar guinvez ») nom de parcelle, que l’on retrouve dans beaucoup de villages et dont le sens ne semble pas évident.

Pourtant cette appellation « ar guinvez » doit avoir un sens bien précis,. La plupart du temps ce sont des champs compris à l’intérieur d’un village ou à proximité immédiate. Or certains auteurs considèrent que cela qualifie un champ, qui parait blanc au petit matin ou sur lequel la rosée matinale s’attarde longtemps.

Le petit losange à droite était appelé « toul ar Pors », vestige d’une zone en pente, comme à Trégoudan.

En direction de la pointe Trémet,  les parcelles ont pour nom « menez ar cap ». cela milite pour l’existence d’un village appelé « Tremet » à l’emplacement des lignes.

D’ailleurs l’un des Goulhezre ne se présentait-il pas comme Seigneur de Trémet et de Trébéron? On le verra plus loin.

Kerellot, le village au delà des portes

La feuille n°4 de la section de Quélern comprend 300 parcelles. Elle englobait le village de Kerellot de la rade de Brest à la baie de Camaret. par contre le village voisin de Penarpoul dépendait de la section de Persuel, pour une part, et de celle de Lesvrez, pour une autre part; la limite entre les sections est souvent un chemin.

Les lignes commencées à la fin du 17ème siècle et continuées pendant le 18ème siècle, ont profondément modifié la vie des habitants des villages, mais lors de la rédaction du cadastre les liens étaient encore étroits et les propriétaires des parcelles sont souvent les mêmes qu’à Trégoudan ou Quélern.

Toutefois mes grand-mères n’allaient pas à Kerellot, elles allaient au-delà des portes.

Un village désormais isolé

Le village, qui était autrefois un passage obligatoire entre Crozon et Roscanvel, est désormais à l’écart ; il est devenu un cul de sac.

Les lignes de Quélern avec leurs deux portes bloquent le côté nord. A l’est la route de Crozon passe sur la digue de l’étang de Penarpoul; elle ne traverse même plus Saint Fiacre ni Persuel. Vers l’ouest, la RD 355 descend rapidement sur Trez Rouz et longe la côte jusqu’à Camaret. Il ne reste plus vers le sud que l’ancien chemin du Pouldu à la poterne.

L’ancienne route se devine encore, mais elle est désormais réservée à la randonnée, ayant été un moment incluse dans le tracé du GR34.

Les autres chemins, qui figurent encore sur le cadastre de Crozon, ne sont pas entretenus et sont désormais en grande partie inaccessibles. Le chemin, qui menait de la plage de Trez Rouz (le Pouldu) à la poterne, qui était encore visible sur la photo de 1971, est également pratiquement invisible aujourd’hui.

Par contre la société de chasse de Crozon fait régulièrement des saignées, qui permettent de se déplacer facilement, notamment en direction de Trez Rouz (quand il n’y a pas de chasseurs dans le coin).

Les habitations

Le cœur du village tient en quelques maisons. En 1830 il y en a 5 :

La veuve Bois de Châteaulin, qui a déjà des biens importants à Trégoudan et Quélern, a une maison dans Jardin Coz (parcelle 750).

Guillaume Raymond Jaffré de Quélern, Jacques Jaffré et Philippe Raguenes de Kerifloch ont les trois maisons voisines (743, 744 et 746, « Jardin »). En face il y a la maison qui figure dans la succession de Joseph Keraudren (830 –Mez guen). Le chemin, qui monte vers les lignes est récent, puisqu’il coupe des parcelles sans pour autant avoir attribué des numéros différents aux deux parties.

La population  

Le dénombrement des populations fait état de 6 foyers, ce qui est conforme au cadastre, sachant que la maison, qui figure dans la succession Laé-Keraudren, est habitée par 2 familles.

On a donc 6 foyers avec 34 habitants en 1841, 30 seulement en 1846 et 41 en 1851.

Il n’y en pas beaucoup plus aujourd’hui ; le cadastre précédent recensait quatre fermes, même s’il ne semble plus y avoir d’agriculteur dans le village.

Les parcelles coupées en deux ont maintenant des numéros différents pour chacune des parties (la présentation est celle du précédent PLU).

Il y a eu quelques constructions nouvelles, surtout des dépendances.

Le classement 1NAb est passé « N » et l’absence d’entretien de nombreux chemins garantissent la tranquillité des habitants. Le reste du village est classé NS (sous réserve de vérification dans le futur « nouveau PLUI » car la version mise en ligne est erronée).

La maison de Madame Bois a gardé ses portes, ou alors elles ont été récupérées sur d‘autres constructions, comme cela se faisait beaucoup dans les années 60