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Après la destruction complète de l’immeuble en septembre 1944, il a fallu songer à reconstruire.
Il a fallu déjà commencer par trouver un logement provisoire. Célestine Potin s’en est occupée.
13 rue La Fontaine (ci-devant rue Boileau)
Après la période d’incorporation dans l’armée FFI, Edouard a fait des remplacements à Douarnenez. Puis il a été contacté par des médecins de Crozon, qui souhaitaient l’avoir avec eux. Finalement c’est Célestine Potin, qui a tranché en louant une petite maison rue Boileau à Lambézellec, en descendant vers Kerinou.
La fusion de Brest et de Lambézellec a obligé la nouvelle municipalité à rebaptiser plusieurs rues. C’est ainsi, que la Rue Boileau est devenue Rue La Fontaine; la plaque de rue mentionne « fabuliste » car Il y avait une rue de la fontaine à Recouvrance.
La maison n’a pas beaucoup changé depuis notre départ en 1953. Certes la porte d’entrée est neuve et il y a une fenêtre de toit. Il y a un petit jardin derrière. On y accédait en passant par la chambre de l’employée (bonne à tout faire en fait). Il était plus passionnant de traverser la rue pour occuper le terrain en face de la maison, où il n’y avait pas encore de construction
Le remembrement de la ville de Brest
Le centre ville ayant été à peu près totalement détruit, il a fallu reconstruire mais, pour commencer il fallait d’abord nettoyer. Les gravats ont été utilisés en partie pour remblayer les terrains, et, notamment, la rue Louis pasteur, qui descendait jusqu’à la Penfeld. Le surplus a été immergé au large de la presqu’île de Roscanvel dans une zone appelée les atrêts
Ci-dessous un extrait du plan Mathon, du nom de l’architecte en charge de la reconstruction de la ville. On voit en filigrane les anciennes fortifications et les principales rues d’avant guerre. La ville est découpée en îlots.
Le plan initial prévoyait de faire un passage entre la rue Yves Collet et la rue Branda. Le premier concerné, le docteur Delalande, s’y est farouchement opposé. Pourtant le plan semblait le placer au niveau de la propriété de M.Philippot, le garagiste.
L’îlot ‘Ce’
la maison du 16 rue Yves collet est dans l’îlot ‘Ce’, qui est limité par la rue Yves Collet, la rue Victor Hugo, la rue Branda et la rue des 11 martyrs.
La gestion de l’îlot a été confié à une société coopérative, qui a procédé à l’expropriation de tous les terrains, puis à leur remembrement avant leur redistribution.
Les immeubles, qui n’ont pas été détruits sont reportés sur le plan, ainsi, que les limites des lots.
On voit très nettement, que la parcelle attribuée à Hervé Le Bihan est pratiquement rectangulaire et que la cassure de la rue Yves Collet intervient juste à la limite avec le 18.
La société coopérative
Il y a beaucoup de documents sur la reconstruction de Brest. L’expropriation des terrains donné lieu à pas mal de récriminations. Cela a continué dans la phase de remembrement. Il y a eu encore des protestations lors de l’attribution des parcelles.
C‘est donc la société coopérative de reconstruction urbaine,qui était en charge du dossier.
Curieusement la plupart des documents sont datés de 1957; la maison a été reconstruite bien avant.
La notification ci-dessous confirme le transfert de propriété de la parcelle. Il y a bien une surface de 184 m² avec une façade de 12,70m
Le bilan recettes-dépenses est intéressant.
il concerne la part, qui est prise en charge au titre des dommages de guerre.
Il y a le total des facturations des entreprises.
il y a aussi la date des versements des dommages;
Dans un autre document apparaît la part personnelle car, bien évidemment, il y fallu mettre la main au portefeuille.
Les sommations
La loi obligeait les propriétaires à reloger leurs anciens locataires, sauf, si ce n’était pas possible.
Il y avait donc avant la guerre :
Adrien Baron à droite de l’entrée
Madame Veuve Jégou à gauche et
M. Denest au premier étage.
La famille Le Bihan occupait le second.
L’immeuble reconstruit est complètement différent.
Il y a un garage faisant office d’entrée et un cabinet médical au rez de chaussée, un appartement au premier étage et des combles non aménagés (du moins au départ).
Il a fallu expliquer par voie d’huissier aux anciens locataires, qu’il n’y avait pas de place pour eux dans le nouvel immeuble.
Il y a donc eu trois sommations.
Adrien Baron a renoncé à ses droits sans protester
Dans le cas de Madame Jégou, ce fut plus compliqué
Il en fut de même avec le locataire du premier, M. Denest.
Dans les deux cas les anciens locataires insistent sur la conformité de la description faite dans le sommation. Ils n’ont pas été dupes et Madame Jégou est revenue à la charge quelques années plus tard.
La maison a bien une forme rectangulaire
La maison a été reconstruite sur la base des documents rédigés par l’architecte et par les plans de la société coopérative. Pourtant, lors de la reconstruction du 18 il y a eu une remise en cause des surfaces occupées. Selon le propriétaire du 18 c’est sa parcelle à lui, qui était de forme rectangulaire, Hervé Le Bihan ayant profité du remembrement de l’îlot Ce pour obtenir une parcelle rectangulaire. Comme il n’était pas question de démolir la maison il a obtenu le droit de construire son propre immeuble en prenant appui sur le pignon entre les deux terrains. Pourtant les documents étaient formels et surtout les photographies d’avant guerre également. La maison du 16 a bien une forme rectangulaire.
BMO a mis en ligne des photographies « verticales », qui montrent bien la situation. Celle de 1919 est malheureusement peu exploitable, il faut prendre celles de 1926 ou 1929.
Si la maison du 18 avait également une forme bien rectangulaire, elle n’allait pas jusqu’au bout de la parcelle.
Il y a aussi une photo de 1944 prise avant l’incendie et une autre prise en 1950 avant la reconstruction.
Il ne reste plus, que la façade et il y a toujours le passage entre les deux constructions.
Grand Mère disait volontiers, que la maison avait été construite en torchis, ce qui explique la présence de plaques de fibrociment en façade et la destruction du reste.
Les deux photos ci-dessous datent respectivement de 1955 et 2015. L’espace entre les deux maisons a été comblé. Le jardin n’est plus aussi rectangulaire, que sur les plans du remembrement mais c’est peut-être une illusion d’optique.
Le municipalité s’est rendue compte, un peu tardivement, que les constructions est années 50 étaient remplacées peu à peu par des immeubles modernes, généralement de 5 à 6 étages, comme celui du 14.
Une grande partie du Brest d’après-guerre allait disparaître.
Toute la ville (ou presque) a été classée en zone ZZ, qui implique des exigences draconiennes pour toute modification, afin de sauver, ce qui méritait d’être préservé mais surtout allonge les délais pour d’éventuels travaux (2 ans parait-il);