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Le remembrement de la commune de Roscanvel partait d’un bon sentiment : augmenter la surface moyenne des parcelles pour s’adapter aux outils modernes d’exploitation des entreprises agricoles tout en supprimant les parcelles enclavées; pour accéder aux parcelles nouvelles un réseau de voies nouvelles a été construit.

Il y avait, semble-t-il aussi, le souci de regrouper les parcelles autour des ferme pour optimiser les conditions de leur exploitation. Ce n’était évidemment pas réaliste, sauf dans quelques rares cas.

Un point important qui a été sous-estimé : c’était un remembrement partiel car tout n’a pas été remembré. Les parcelles bâties sont bien évidemment exclues du remembrement mais les parcelles , où il y a des conventions particulières,  ont été également exclues, ce qui réduit encore un peu plus les espaces à remembrer.

Ce ne fut pas simple. Il y a eu beaucoup de réticences, quand il a fallu céder une parcelle cultivée par la même famille pendant plusieurs générations. Il y a eu aussi de nombreuses incohérences, dont de simples échanges sans optimisation des surfaces comme on le verra à Tregoudan.

Où est passé le plan du remembrement?

Normalement on aurait dû trouver parmi les archives de la Mairie de Roscanvel un plan de remembrement, synthèse des décisions prises par la commission municipale chargée du Remembrement. Si on dispose de la liste des parcelles attribuées aux trois individus cités ci-dessous il a été impossible de retrouver ce plan. Sur l’extrait du plan de 1957 qui a été transmis par les géomètres (M. Millet en 1984 puis Mme Roux en 2022) il apparaît bien, que la plupart des surfaces avec une construction sont exclues du remembrement, même, s’il y a quelques exceptions mais c’est vraisemblablement par manque de place. A l’inverse, il y a beaucoup de parcelles non bâties, qui sont également exclues. Les raisons de ces exclusions doivent figurer quelque part.

Quelle logique a présidé au redécoupage ? Ce n’est pas très clair. Comme il y avait beaucoup de propriétaires différents, chacun a reçu un morceau du gâteau. La logique initiale n’a finalement  pas tenu. 

Récemment les archives départementales ont mis en ligne des documents importants. Il s’agit de l’exploitation  de ce remembrement afin de  mettre à jour le cadastre, qui, comme chacun le sait, n’est qu’un outil fiscal (qui doit payer les impôts locaux et combien).

 

Parmi les documents mis en ligne il y a un tableau d’assemblage, des feuilles correspondant aux nouvelles sections et un deuxième jeu pour le cadastre rénové de 1988 avec la création de sections « périurbaines ».

Le tableau d’assemblage reprend en toile de fond le tableau de 1831 avec deux informations importantes :

_ le réseau des voies nouvellement créés même s’il y a eu des modifications ultérieures.

_ les zones, où la densité du bâti a rendu difficile l’association  du bâti à des surfaces. 

Les plans des nouvelles sections ont utilisé comme toile de fond celles du plan de remembrement puisque l’on lit que ce plan de remembrement a été mis à la disposition des habitants entre le 18 juillet et le 3 août 1955. 

Par contre le plan du remembrement a été modifié pour permettre de créer la relation entre les individus et les parcelles. Seule la section du bourg est restée calquée sur le plan de remembrement.

Sur les plans des sections on lit que le bon à calquer est daté du 20 mars 1958. cela semble cohérent: le plan du remembrement a été affiché en Mairie en 1955,, probablement adapté pour apparaître en 1957 sous la forme détenue par le géomètre et transformé en plan cadastral en 1958, Sur le plan cadastral de 1980 conservé en Mairie il est noté qu’il a été établi à partir du plan de remembrement de 1959.Le cadastre a été ensuite modifié en 1988.

Dans notre cas le remembrement partiel de Roscanvel n’a concerné que Jean Laé, Pierre Le Lann (en fait ses héritières) et Louis Maudire.

Les biens de Jean Laé

Le décès de Jean Laé en 1951 n’a pas arrangé les affaires de ses enfants, qui ont été contraints d’accepter les modifications faites ; certaines étaient avantageuses, d’autre non.

Selon les documents conservés la baisse en surface est faible, du moins pour Jean Laé : 14ha27a41ca pour une surface totale avant remembrement de 14ha36a56ca mais cela résulte d’une comparaison manuscrite ; sur le document officiel la surface « avant » ne figure pas. En gros il y a deux fois moins de parcelles. Il en reste encore 21 actuellement, après avoir enlevé les parcelles, qui ont fait l’objet de donation en 2003 mais sans tenir compte des parcelles cédées au Conservatoire du Littoral.

 Ce qui restait a été partagé en 2023.

Le plus surprenant est de découvrir que 50% de la surface attribuée est constituée de terres vaines, situées en grande partie en bord de falaise. Il faudrait vérifier le pourcentage « avant » juste pour comprendre car elles sont dans la zone d’intervention du Conservatoire du Littoral, qui a accepté de les acheter.

Les biens de Pierre Le Lann

Ici c’est plus simple car il y a moins de parcelles « avant » et il y en a également deux fois moins « après ».

Sur les croquis on voit, qu’il y a des parcelles voisines, qui appartiennent à Louis Maudire. Ce sont donc bien des héritages de la famille JOUIN, ou plutôt STEPHAN.

Les biens de Pierre Maudire

Il y a un peu plus de parcelles et elles sont aussi plus dispersées. Il doit y avoir des terres provenant de la branche MAUDIRE en plus des héritages JOUIN-Stéphan.

En 1929 Pierre Maudire y avait 16 parcelles. Son fils, Louis Maudire, en a « abandonné » 14 lors du remembrement et en a récupéré 8 pour une superficie totale de l’ordre d’un hectare; il manque évidemment le terrain de la maison. La plupart des parcelles ont été vendues depuis.

Dans la succession d’Émilienne Le Lann il restait 7 parcelles Le Lann-Jouin-Maudire et 21 parcelles Laé.

Où se trouve la parcelle D302 qui fait 529 m²? Elle serait près de la source du ruisseau appelé Quimpérou. en contrebas du village de Kermorvan. Alain Stéphan avait une parcelle à proximité.

Le cas de Trégoudan

Le plus spectaculaire a été le regroupement des terres du Pors.

Il y a bien évidemment aussi notre prairie

Que sont devenues les lanières ?

Entre Trémet et la Fraternité, il y a eu des regroupement impressionnants mais incomplets, surtout au niveau du réduit. A l’inverse le fond de l’étang a été plus ou moins laissé en l’état. En principe toute parcelle devait être desservie par une route de 6m de large. Ce n’est pas toujours le cas ; il reste alors des chemins plus ou moins bien entretenus. De même il y aurait dû y avoir des regroupement au niveau des fermes. Cela a été possible pour les deux fermes du Pors (et dans une certaine mesure pour notre prairie) mais pas pour les autres fermes de Trégoudan. Ce principe a perdu de son importance, puisqu’il n’y a plus de paysan.

Le long de la côte

 Il reste des parcelles bien individualisée vers la Fraternité au milieu de grands ensembles.

Comme prévu les forts des Capucins et de Kerviniou occupent l’espace vers le Goulet mais la fragmentation des parcelles n’ a pas complètement disparu à l’est de la RD355, où toutes les parcelles ne sont pas accessibles sans passer chez le voisin, ce qui devait être supprimé après la construction de 60km de chemins pour justement garantir un accès libre (120km en tout m’a dit le chef du service technique).

Il en est de même entre Kerviniou et Cornouaille. Les parcelles en bord de mer n’ont pas été regroupées contrairement à ce, qui s’est passé vers Trémet.

Kerlaer n’a pas beaucoup changé

Entre Kergadiou et le fort Robert il y a moins de petites parcelles. Si le regroupement a probablement été contrarié par le grand nombre de propriétaires différents, qui voulaient tous un morceau de…, cela n’explique pas le maintien du morcellement dans certains endroits, surtout au niveau du GR34 où on a parfois des pentes très abruptes.

Le Stiff, compte tenu de sa forme est resté inchangé ou presque. Le remembrement devait également essayer de regrouper les terres au plus près des fermes. Quand il y en a beaucoup dans un village, comme autrefois à Trégoudan, ce n’est pas toujours facile. A l’inverse, à Penaroz, il n’y a pas beaucoup de fermes différentes. On pouvait s’attendre à un regroupement plus important.

A la pointe des Espagnols l’emprise des forts est contrebalancée par le maintien de la fragmentation du côté de la rade de Brest. Les parcelles en bord de mer présentent une pente très importante, qui rend leur exploitation difficile par opposition à celles du Goulet, qui sont, d’une manière générale, découpées dans un plateau avec peu de pente.

A l’intérieur on a conservé également une fragmentation importante.

Au vu de la fragmentation des parcelles après le remembrement on peut se demander comment on a pu arriver à ce résultat, qui semble en contradiction flagrante avec l’objectif fixé par la loi de 1941.

Le Conservatoire du Littoral a en charge de procéder à l’acquisition des terres situées dans un espace défini, proche de la côte. Sa zone d’intervention figure dans le PLUI de la communauté de communes mais la version mise en ligne en 2020 était erronée. Il a fallu attendre la « bonne » version. La municipalité de Roscanvel a cependant pris un arrêté sur le bon usage des terres acquises par le Conservatoire. Une copie de cet arrêté a été mise à la Fraternité à l’attention des randonneurs; elle comprend en annexe une photo de la presqu’île avec en bleu les parcelles déjà acquises. Comme dans bien des cas la limite sur le terrain est impossible à discerner, autant considérer, que toute la zone située à proximité de la côte et autour du GR34 est concernée par cet arrêté.

Curieusement le Conservatoire du Littoral n’est pas intéressé par les parcelles en bordure de mer à Camaret; à l’inverse la SAFI, société d’aménagement du département du Finstère, nous a acheté les parcelles situées entre la RD355 et le GR34.